Lu dans la Croix du Nord du 15 mai :
Réconcilier la Biomédecine et la vie, le pari de la bioéthique
Bioéthique : l’Alliance pour les droits de la vie lançait lundi à Lille sa tournée hexagonale
Pour une première, c’est un succès. La salle du Zénith de Lille est comble, les 400 sièges occupés, ainsi que les allées et le fond de la salle. Beaucoup de jeunes, d'étudiants en médecine, de professionnels de santé. "L’information est passée ! On a du refuser du monde", confie Rose, jeune médecin à Lille. Elle porte le t-shirt rouge des bénévoles de l’Alliance pour les droits de la vie (ADV), qui organise ces conférence dans dix villes française, avec l’Office chrétien des personnes handicapées, le Comité protestant pour la dignité humaine et Convergence soignants-soignés.
Ces conférences s’inscrivent en plein dans l’actualité des Etats généraux de la bioéthique. "L’objectif est de soulever trois enjeux", explique Tugdual Derville, délégué général de l’ADV. En question, l’engouement pour la recherche sur l’embryon. Après en avoir examiné les alternatives, Xavier Mirabel, président de l’ADV, constate : "il ne faut pas se bercer d’illusion. Les recherches sur l’embryon sont aussi le fruit d’une légitime curiosité de la part des chercheurs" C’est pourquoi"la protection de l’embryon humain doit être un enjeu primordial" de l'encadrement législatif.
Le deuxième grand point évoqué est celui des nouvelles techniques de procréation. Droit de l’enfant ou droit à l’enfant ? C’est plus particulièrement la question des embryons congelés qui fait débat ; quel est leur statut, alors que même les parents sont démunis ? "Il y a comme un piège derrière le concept de projet parental, qui ramène l’existence de l’enfant au regard des parents", dénonce Daniel Rivaud, pasteur et père de cinq enfants. On regrettera que les alternatives à la procréation médicalement assistée, telles que l'adoption, ne soient pas évoquées par les intervenants. Mais la question va au-delà, et interroge l’instrumentalisation du corps, même à titre gratuit, ou le fait de dresser un contrat sur un enfant, établissant entre lui et ses parents un rapport de propriété.
"Le troisième enjeu est le paradoxe de la valorisation des handicapés dans la société, à l’heure de l’enfant parfait", annonce Tugdual Derville. Témoignages de parents, mais aussi de handicapés inquiets. Les IMG visent des handicaps de moins en moins lourds, comme si la tolérance à la non conformité diminuait. "La dérive eugénique est là. Est-ce de cette société que nous voulons ?" interroge Daniel Rivaud.
Une seule chose sûre : le débat est sensible. Les témoignages sont poignants, comme si l’Homme était dépassé par la science. "Je n’ai pas envie de taper sur mes collègues. Les échographistes eux-mêmes sont pommés. Ils sont aussi démunis face au handicap que les parents", témoigne Xavier Mirabel. Loin des débats théoriques, la conférence permet de se poser les bonnes questions plus que d'y répondre.
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