Les Irlandais doivent beaucoup à leur fiscalité, et plus particulièrement au bas taux de leur impôt sur les sociétés, qui s’élève à seulement 12,5% – contre 27,5% en moyenne pour la zone d’euro –, attirant ainsi les investisseurs étrangers. C’est pourquoi le plan de rigueur annoncé pour la période 2011-2014, qui prévoit d’augmenter de 5 milliards les recettes fiscales, devrait se contenter d’une augmentation de la TVA et d’un élargissement de l’assiette fiscale. Car Dublin ne veut pas remettre en cause une fiscalité tournée vers la libre entreprise.
C’est précisément ce qui agace ses partenaires européens. La France surtout, qu’une tradition fiscale aberrante rend inévitablement jalouse de Dublin, accusée de pratiquer un « dumping fiscal » nuisible à notre compétitivité. Parler de concurrence déloyale aurait du sens si le succès économique irlandais était tributaire aides européennes. On pourrait alors se demander pourquoi les membres de l’Union Européenne aideraient l’Irlande à leur faire concurrence.
Or les 30 milliards d’euros d’aides européennes perçues par l’Irlande entre 1973 et 1999 n’expliquent pas tout.
(...) Le regard de la France sur son voisin irlandais trahit une psychologie du ressentiment : puisque les Irlandais attirent les investisseurs, demandons-leur d’en attirer moins, ainsi nous n’aurons pas besoin de les imiter. Maintenons l’impôt sur les sociétés à 33%, et surtout ne tirons aucune leçon ni de nos erreurs, ni du succès de nos voisins. Ainsi, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Égalité, Égalité !
(...) L’Irlande n’est pas la rivale la plus redoutable en matière de fiscalité. Chypre défend un impôt sur les sociétés à 10%, le plus bas de tous. Du reste, crier au dumping fiscal est une habitude bien française.
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