Dans La trisomie est une tragédie grecque, Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune, raconte cette anecdote :
Au cours de l’été 2000, à Rome, j’ai rencontré celui qui n’était encore que le cardinal Joseph Ratzinger. En tête à tête, chez lui, un long moment. Je lui avais demandé s’il accepterait de me préciser un événement dramatique de sa jeunesse qu’il avait évoqué dans une conférence publique. Alors, il m’a raconté l’histoire de son cousin mongolien, le fils de la sœur de sa mère, qu’il avait fréquenté autrefois, en Allemagne. Un jour, les nazis l’avaient emmené et l’enfant n’était jamais revenu, personne ne l’avait jamais revu. C’était dans les premières années de la guerre, en 1940.
De quoi clore le bec aux anticatholiques qui n'ont de cesse de tenter de faire passer le Saint-Père pour un sympathisant du nazisme et à ceux qui croient être les seuls à avoir souffert pendant cette sombre période.
Jean-Marie Le Méné continue :
Je me souviens que le cardinal avait insisté sur deux points qui m’avaient frappé. D’une part, il considérait que l’eugénisme, en détruisant l’homme, détruit la notion d’humanité parce que nous devenons à la fois les juges et les créateurs de l’homme. Alors, sur quels critères jugeons-nous ? Ensuite, il montrait qu’une société qui rejette la personne souffrante, qui n’est plus capable de la compassion qui transforme la souffrance, devient une société inhumaine. Il soulignait que le refus de la personne handicapée engendre le refus de la souffrance qui engendre l’élimination de l’amour. Parce que l’amour ne peut pas exister sans la souffrance, celle de se perdre soi-même pour l’autre, celle de l’altérité de l’autre… Au total, le cardinal s’étonnait, comme une chose vraiment incroyable que, cinquante ans après, on ait oublié cette expérience de l’inhumanité.
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