Chronique culturelle du 5 juin 2009 (3)
Après la présentation du Requiem de Verdi, œuvre monumentale à la gloire de Dieu et en hommage au défunts, voici une œuvre bien davantage destinée aux auditeurs pour les plonger dans la douleur de Fauré, très affecté par la mort d'un proche. Le maître du chant soliste français met ici tout son talent de mélodiste novateur au service du cri déchiré de son âme. Pas vraiment un cri, d'ailleurs : car ce qu'on entend là sont plutôt les lourds sanglots d'un homme résigné, abandonnant sa douce tristesse dans l'univers sensible de la musique, comptant sur l'auditeur pour l'aider à supporter sa peine.
En comparaison avec l'œuvre de Verdi, Fauré laisse une place bien moindre aux instruments et c'est donc le chœur ou les solistes qui dominent, leurs mélodies complexes (Liszt, lui-même considéré comme trop moderne à ses débuts, considérait certaines pièces de Fauré comme injouables) portées par ces harmonies si particulières qui donnent sa spécificité au style du compositeur. Celui-ci en effet, quoi qu'il déclare humblement, reprend peu des enseignements de son maître Camille Saint-Saëns, ou des artifices de Wagner.
Sa musique, bien qu'agréable à écouter, semble aujourd'hui réservée à une élite ; et effectivement la pleine perception de toutes les subtilités d'écriture demande une bonne connaissance de l'harmonie classique, cependant à mon sens de simples mélomanes ne doivent pas se priver de cette musique qui semble parfois si légère qu'elle en devient angélique, si austère et sereine dans sa tristesse qu'elle prend des accents surnaturels.
Vincent
CD Accentus, avec Laurence Equilbey. Editions Naive.
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