Le Cardinal André Vingt-Trois s'est exprimé dans le cadre du débat sur le port de la burqa. Et il sort des chemins de la pensée unique. Ci-dessous la retranscription de l'interview accordée à Radio Notre Dame le 22 juin 2009 :
- Un député a demandé une commission d’enquête sur le port de la burqa. Certains veulent interdire ce vêtement. Qu’en pensez-vous, Monseigneur Vingt-Trois ?
- Je ne suis pas sûr que la démocratie, ce soit d’imposer un vêtement. Et donc, si on entre dans une espèce de société conforme où le législateur doit définir comment les femmes doivent s’habiller, je crains qu’on soit, quand même, dans une voie un peu difficile à suivre. D’un autre côté, je vois bien aussi comment les contraintes ou les coutumes, ou les modes de vie peuvent aliéner la liberté d’un certain nombre de personnes. Ce peut être le cas pour un certain nombre de femmes à qui la burqa est imposée… mais qui va aller sonder les consciences pour savoir à qui elle est imposée ? Mais c’est aussi le cas pour beaucoup de femmes de notre pays qui ne sont ni musulmanes, ni habillées de burqa mais qui voient le corps féminin exposé comme un produit commercial sur les affiches. Je ne vois pas pourquoi on n’interdit pas ça !
- Le registre n’est pas forcément tout à fait le même… ?
- Mais si ! C’est le registre du respect de la personne ! C'est-à-dire que je ne trouve pas que les femmes dénudées qu’on met sur les affiches pour faire de la réclame sont beaucoup plus respectées que les femmes qu’on englobe dans une burqa.
- N’y a-t-il pas aussi un risque d’atteinte à la liberté religieuse si on interdit ce vêtement qui est un signe religieux ou qui est présenté comme tel ?
- Il faudrait d’abord être sûr que c’est un signe religieux… Ensuite, je ne suis pas sûr que l’interdiction n’aurait pas l’effet inverse à celui qui est escompté. Car c’est une question aussi de savoir si la liberté individuelle peut aller jusqu’à laisser les gens libres de s’habiller comme il leur convient.
Thibaud (merci à EVR)
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