A l'approche des élections, il convient de préciser les éléments fondateurs de l'Union Européenne. Je commencerais par son histoire, pour poser les jalons nécessaires à sa compréhension.
Les origines
L'union Européenne se fonde sur la nécessité de construire
la paix en réconciliant les ennemis d'hier face au communisme. Puisant ses
racines dans le plan Marshall, elle connais une première esquisse avec la fondation du Conseil de l'Europe, indépendant de l'UE, qui d'ailleurs songe actuellement à intégrer les pays du Maghreb. La première réalisation de l'Union Européenne, qui ne porte pas encore ce nom, est
Loin d'être un credo européen, la CECA est surtout un moyen de rapprocher un peu plus les ennemis d'hier face au communisme. La paix ? Soit, seulement si on prépare la guerre. Mais le projet de Robert Schumann est plus étendu.
A cette époque, le développement économique correspond avec
la consolidation de la démocratie. Le développement économique fut pendant 30
ans l'argument principal pour la démocratie occidentale. Il en est une
condition importante. Mettre sous tutelle européenne le charbon et l'acier est
le premier acte de concession nationale à la démocratie européenne. Qui
contrôle cette tutelle ?
Il en résulte un contraste important : l'Europe des débuts a
une culture technicienne. Les gouvernements ont le dernier
mot, souvent celui des techniciens et des ingénieurs de
L'échec de la CED
Dans le cadre de la guerre froide, l'embryon d'Europe doit
assurer sont autonomie militaire. Le traité de Paris en 1952 prévoit ainsi la
fondation de
Le refus de ratifier
Le traité de Rome
Signé en 1957, le traité de Rome est essentiellement économique. Il cherche à réaliser l'union douanière, l'union économique et la politique sociale. Le marché commun est le produit principal de ce traité, avec l'Euratom et la communauté économique européenne. Il est caractérisé par la suppression des droits de douane entre les pays signataires, et la fixation d'un tarif extérieur commun. Des impératifs d'harmonisation scolaire ou sociale y sont également signés.
Outre son caractère économique, le traité de Rome fixe les institutions qui gouvernent encore l'actuelle Union Européenne :
-
La commission européenne, héritière de
- Le conseil des ministres, qui rassemblent les ministres par domaine
-
L'Assemblée des parlementaires est une
délégation des parlements nationaux. Elle n'a qu'un rôle consultatif. Elle peut
néanmoins renverser
- La cour de justice
- Le comité économique et social rassemble les partenaires sociaux (syndicats employeurs, syndicats employés et autres…). Il n'a qu'un pouvoir consultatif.
Le traité de Rome est un succès : les échanges s'intensifient, ils sont multipliés par six dans les années 1960. La croissance dégagée est plus importante qu'aux USA et qu'en Angleterre.
Dans l'euphorie, personne ne voit pas les nuages qui
s'amoncellent. La politique agricole commune, PAC, est créée en 1962. En 1965,
elle est en crise de surproduction. Il aurait peut-être fallu spécialiser la
production en fonction des régions, mais
Les élargissements
Subissant l'affaiblissement du Commonwealth et l'échec de l'AELE, le Royaume Uni engage des négociations pour intégrer l'Union Européenne, comprenant bien qu'elle n'est pas politique, mais économique. Il est refusé en 1961 et en 1964 par le général De Gaulle, qui y voit le "cheval de Troyes des Etats-Unis". Mais il adhère en 1972, en même temps que le Danemark et l'Irlande, alors crise de 1971 éclate tout juste. L'intégration de ces pays commence mal. Le Royaume uni paye cette intégration. Il ne profite donc pas des profits de l'Union Européenne.
♦ Élection du parlement européen au suffrage universel
♦ Création du conseil européen, instance suprême non spécialisée (comme pouvait l'être le conseil des ministres). On institutionnalise les sommets.
♦ Création d'un conseil des ministres des affaires étrangères. C'est là que l'on situe le début d'une culture politique européenne.
La Commission représente les pays
européens sur la scène commerciale internationale. Elle ouvre alors des
ambassades dans tous les pays du monde.
Un autre type de contestation apparaît : la contre-démocratie. Elle souligne par la dérision ou par l'analyse les contradictions de l'union européenne. Pourquoi existe-t-il encore des douaniers nationaux alors que l'on a réalisé l'union douanière ? Les mises aux normes coûtent chères et compromettent l'optimisme affiché des mesures de la commission. Les citoyens pensent au niveau national quand d'autres, à l'intérieur ou l'extérieur de l'union, pense en termes communautaires. La commission ne prétend pas détruire les nations, mais elle prend une part de plus en plus importante dans la politique nationale. Enfin, dès les années 1980, la mondialisation s'accentue, poussant l'union à compromettre ses propres frontières. L'union s'est fondée sur la prospérité d'un petit nombre de pays, unis pour faire face aux blocs. La mondialisation compromet cette unité, faisant exploser les diverses définitions que l'on donne à l'Europe. La non-participation à l'union devient intéressante. On parle de plus en plus du "coût de la non-Europe".
L'acte unique
européen.
Il a pour but de relancer l'union sur de nouvelles bases. Il
faut prendre en compte les réalités politiques avant les réalités économiques.
C'est la logique qui domine lors de l'intégration de
Mais un autre principe vient compromettre ce bel édifice : celui de la nation la plus favorisée. Il désigne le fait d'adopter les normes d'un pays qui présente les avantages les plus grands. Le risque est donc l'harmonisation par le bas, que n'empêche pas le marché unique.
L'union européenne
face à l'effondrement de l'union soviétique
La chute du mur de Berlin change la donne européenne :
l'union européenne perd sa principale raison d'être, entre les deux blocs. Le
doute émerge. Faut-il subir ou accompagner la réunification allemande ?
Certains souhaitaient intégrer l'ex-RDA comme 13e Etat de l'union
européenne. Pour l'Allemagne, il est hors de question de renoncer à intégrer
Le traité de Maastricht est le produit de ces tractations. Celui-ci définit une citoyenneté européenne, base d'un fédéralisme européen. Aujourd'hui, un étranger peut être élu aux élections locales et devenir adjoint au maire sans pratiquer la langue du pays où il est élu. La libre circulation est un principe fort, refondé et réaffirmé. On suppose que la libre circulation des juges et des policiers contreviendra à la libre circulation des criminels et de trafiquants.
Approfondissement ou
élargissement ?
Le choix divise encore : doit-on élargir l'union ou l'approfondir ? Faut-il privilégier la progression du fédéralisme ou l'extension territoriale ? Les pays candidats pressent l'union d'accepter les négociations d'adhésion. Mais le traité de Maastricht privilégie l'approfondissement. Dans ce domaine, il reste lettre morte. La logique économique l'a emporté. Ne pouvant affirmer clairement le fédéralisme, de peur de provoquer une vague de protestations, la commission n'avait aucun argument à opposer à des pays affichant des taux de croissance à faire rêver. Dès 1993, les négociations d'adhésion de certains pays d'Europe centrale et orientale ont été engagées. Il leur fallut respecter les critères de Copenhague : les droits de l'homme et la démocratie ; la volonté d'intégrer la législation européenne ; une économie de marché viable. Tous les six mois, la commission vérifie les avancées du pays candidat.
Plus tard, en 2007,la Roumanie et la Bulgarie intègrent alors que le traité sur la constitution européenne et le traité de Lisbonne sont des échecs. Ces pays intègrent alors que le traité de Nice, qui règlemente le fonctionnement des institutions européennes, est également un échec. Ces pays intègrent alors qu'un autre, l'Irlande, qui n'avait jamais rien refusé à l'union, excepté sur l'avortement, rejette soudainement l'espace communautaire. Enfin, ces pays intègrent trop tôt, comme le reconnaissaient certains pontes eurocrates : la corruption, l'injustice et les trafics en tout genre y sont encore monnaie commune. Les normes d'intégration sont abaissées pour plaire à la Turquie ; l'efficience économique européenne est compromise par la crise ; la démographie est catastrophique. Les élections européenne devraient sanctionner une impotence marqué dans la résolution des problèmes majeurs qui se posent à l'union européenne.
Didyme
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.