Emmanuel Delhoume est secrétaire national en charge de la thématique de la culture au FRS. Mais pour combien de temps encore ? Il a participé au dernier meeting de Philippe de Villiers et Frédéric Nihous, le 4 juin dernier au Cirque d'hiver et appelé à voter pour les listes Libertas alors que le FRS, présent en portion congrue sur les listes de la majorité populaire, incite à se mobiliser pour faire gagner l’UMP dont il est avec le parti radical valoisien le parti fondateur.
« Barnier ment »
Valeurs Actuelles faisait état dans son dernier numéro de dissensions au sein du FRS. Nous avons voulu en savoir plus et contacté M. Delhoume par téléphone jeudi soir. « Jusqu’au meeting de ce soir, je n’avais pas pris officiellement la parole » nous confie-t-il. Déçu, il l’est. « J’ai reçu une lettre m’informant de l’ouverture d’une procédure disciplinaire à mon encontre suite à ma présence au Benoîthon de Frigide Barjot sur la place Jean-Paul II. La direction du FRS s’en prend à mes « prises de position désastreuses » qui auraient gêné Christine Boutin, au ministère. C’est vrai, je ne les avais pas averti », concède-t-il.
Mais pourquoi Libertas ? « Si je fais de la politique, c’est pour qu’un jour nos idées soient traduites par des actes ». Point de hors-système donc. « Les candidats du FRS, de qualité comme Xavier Lemoine, maire de Montfermeil en 7ème position en Ile-de-France, n’ont aucune chance d’être élus » regrette-t-il. Emmanuel Delhoume dénonce « l’attitude de mépris de l’UMP envers le FRS » et « l’absence de débat au sein du FRS où jamais la question de la stratégie pour les européennes n’a été abordé ». Et de rappeler qu’on peut être membre du FRS sans être membre de l’UMP, le cas d’un tiers des adhérents du FRS selon Christian Dupont, porte-parole de Christine Boutin depuis 6 ans. « Philippe de Villiers est le seul à être en position de peser et je lui fais confiance sur deux sujets qui me tiennent particulièrement à cœur : la défense de la famille et de la vie et le refus de voir la Turquie entrer en Europe. » Un sujet sur lequel « Barnier, qui n’a aucun scrupule, aucune morale, ment ». Emmanuel Delhoumme regrette que « l’UMP trompe, abuse beaucoup de gens, notamment beaucoup d’amis du Forum (des républicains sociaux, NDLR) qui vont voter pour ses listes de bonne foi ». Il veut bien sûr parler du projet de loi sur le travail dominical, qu’il n’hésite pas à qualifier (et nous avec) de « loi impie ». « C’est une question de principe pour quelqu’un comme moi qui a une conception chrétienne de la vie en société ». Emmanuel Delhoume pose la question « jusqu’où Christine Boutin va-t-elle accepter d’aller ? ». « Je lui ai envoyé un courriel ce soir (jeudi, NDLR) où je réaffirme ma fidélité au FRS et à sa personne, j’explique souhaiter rester au FRS et que le FRS reste fidèle à sa vocation ».
L’homme, « en cohérence avec (ses) choix antérieurs et ceux de la présidente du FRS » nous explique qu’il y a beaucoup de déçus au sein du parti qui regroupe environ 8 000 adhérents. « J’ai dénoncé le positionnement du PPE sur l'entrée de la Turquie en UE dans une contribution parue sur le site du FRS, et celle-ci est toujours accessible. Je ne vois donc pas pourquoi nous nous allions à l’UMP, qui fait partie du PPE, pour ces élections.
« Pas représentatif »
Christian Dupont, le porte-parole de Christine Boutin, nous affirme qu’Emmanuel Delhoume « n’est pas représentatif », n’ayant « pas de fonction représentative au sein du FRS ». Il se dit étonné que l’on prenne comme point de départ « l’article erroné de Valeurs Actuelles ». « Satisfait » de la présence de 5 candidats sur les listes de la majorité, dont « un en position éligible » pour « un jeune parti comme le FRS », il reconnaît que si on compare le traitement reçu par le FRS à celui reçu par la Gauche moderne et des Progressistes, « ça peut être une frustration ».
Le FRS, qui veut être « un caillou dans la chaussure » de l’UMP, le poil à gratter de la majorité, revendique les victoires provisoires sur le travail dominical et le statut du beau-parent. « Grâce à Christine Boutin, des projets de lois que le gouvernement voulait faire voter par le Parlement en catimini ont été dénoncé sur la place publique » et leur adoption compromise. Il pense notamment au projet de loi sur le statut du beau-parent déjà préconisé par le rapport Pécresse en 2004. « Ce sont des combats qui reviennent régulièrement » mais M. Dupont revendique comme une bataille gagnée le fait de « mettre les adversaire en posture de devoir y revenir ». « C’est tout le problème du sel de la terre. Au FRS, nous voulons apporter du goût au plat ».
Une logique d’influence qui a ses limites ? « Non, à condition de tenir bon sur ses convictions ». Je lui rappelle tout de même qu’en 3ème position sur la liste qu’il soutient en Ile-de-France, figure Jean-Marie Cavada qui s’est déclaré en 2007 favorable au « mariage » homosexuel… « S’il avait pris position pour pendant la campagne des européennes, notre candidat (Xavier Lemoine, NDLR) et le FRS seraient publiquement intervenus ». « Le FRS est un parti qui tient la route et qui s’installe dans le paysage de la majorité gouvernementale de droite ». Et qui commence, nous confie-t-il, à réfléchir à sa stratégie aux élections régionales et européennes. « On ne suit pas l’UMP, on est un parti de gouvernement » qui n’aurait à déplorer aucune tension en son sein : « j’ai vérifié auprès des cadres du FRS ».
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