Que l’on soit partisan d’une Europe fédérale, souverainiste ou comme moi partisan d’une Europe de la subsidiarité, nous devrions tous convenir d’une chose : l’Europe ne peut pas se construire sur un texte clairement refusé par la majorité de ses citoyens. Les électeurs français, néerlandais et irlandais ont refusé de ratifier le traité de Lisbonne : le débat est donc clos. Maintenant nous devons travailler à comprendre les aspirations des citoyens européens et à rédiger un texte organique moins ambitieux et moins complexe, appelé à être soumis à un référendum. Nous appelons cela la démocratie.
Mais voila que nous entendons monter des chancelleries cette parole qui fait froid dans le dos parce qu’elle est exactement celle de toutes les dictatures : il ne faut pas laisser les gens ordinaires décider d’une chose aussi importante, ils n’ont pas qualité pour cela. Et personne ou presque ne vient dénoncer à haute voix le scandale de ces paroles. Car si les gens ordinaires n’ont pas qualité pour donner leur avis, pourquoi donc les consulter par voix électorale ? A quoi bon des élections ? La mise en pratique de cette position vient de s’étaler devant nos yeux : le vote d’hier n’est rien d’autre qu’une manipulation, un chantage fait aux citoyens d’Irlande. L’Europe n’est désormais plus un projet démocratique.Or, ce sont nos élus démocratiques qui défendent cette position, ces élus qui prétendent nous représenter alors qu’ils font exactement le contraire de la volonté des peuples qu’ils représentent. Encore une fois, peu de gens dénoncent cette catastrophe à laquelle nous assistons : ce sont nos élus qui reconnaissent eux-mêmes que les élections sont faites de telle façon qu’elles n’ont aucune légitimité de représentation. La main mise des partis politiques sur la vie publique conduit à une dictature d’une classe politique sous prétexte électoral. En URSS aussi il y avait des élections démocratiques, au sein du parti unique et aujourd’hui nous assistons à la naissance d’un parti unique bicéphale droite/gauche dans toute l’Europe.
Aux Pays-Bas, les citoyens sont désormais de plus en plus en révolte ouverte contre ces élites politiques particulièrement arrogantes dans ce pays. La montée des « populistes » est le fruit de ce refus et l’on sent naître une adhésion croissante à une aventure politique. Le risque de l’établissement d’un régime infra démocratique menace les Pays-Bas. Cette menace, qui existe aussi chez nous, est le fruit de l’adieu à la démocratie européenne auquel nous assistons.
Plus que jamais, il est urgent de repenser la démocratie et la représentation populaire, car aujourd’hui personne ne se sent représenté par ses élus. C’est pourquoi un mouvement citoyen comme le nôtre est appelé à grandir. La démocratie européenne passe par la disparition des deux éléphants socialiste et UMP. Remercions Nicolas Sarkozy de hâter ce temps en créant un monstre politique à usage électoral unique, dont l’implosion est devenue inéluctable.
Axel de Boer
Président de « Solidarité – Liberté, Justice et Paix » (site)
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