Florentin Piffard fait observer :
Perturbation émotionnelle des enfants, violation du libre-choix et discrimination : tel l’antique bouc émissaire en route pour Azazel, voilà le crucifix chargé de tous les crimes de la communauté par cette parfaite incarnation de la morale contemporaine qu’est la CEDH. Mais après tout, n’est-ce pas le sens même du succès planétaire du crucifix – celui qu’on y cloue prend sur lui les fautes de tous ? “Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde.” C’est merveille de constater comme les rites les plus laïcs savent parfois réinterpréter pour notre profit à tous les cultes les plus archaïques. Une fois la Croix chargée de tous les péchés, qui pourrait contester le jugement de la CEDH ?
(...) La Cour rappelle (...) complaisamment que la loi qui prévoit l’exposition d’un crucifix dans les salles de classe italiennes date du concordat de 1929, c’est-à-dire de la période fasciste. Belle reductio ad benitum. Ce que Benito a voulu ne peut être bon. Dans ces conditions, on aura toujours raison de s’opposer au crucifix. La Résistance, même à une loi qui a presque l’âge de ma grand-mère, est à jamais d’actualité, surtout en ces périodes sarko-berlusconiennes.
Le problème c’est que cette origine mussolinienne du crucifix dans les salles de classe est elle-même contestée. Le Conseil d’Etat italien notait en 2006, dans le cadre de cette affaire, que “la prescription des crucifix dans les salles de classes” datait non pas du concordat de 1929 mais de la loi Casati, adoptée par un Etat [le Royaume de Sardaigne] qui nourrissait bien peu de sympathie pour l’Eglise catholique », loi qui fut ensuite étendue à toute l’Italie après l’unification. Mais ne pinaillons pas : la cause des enfants, qui est celle de tous les Résistants, mérite bien quelques libertés avec l’exactitude historique.
[Action!] Protestons contre la décision de la CEDH...
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