Le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) vient de rendre un avis (n°107) sur les questions éthiques liées au diagnostic anténatal. Cet avis ouvre la possibilité du dépistage de la trisomie 21 lors du diagnostic pré-implantatoire (DPI).
Le DPI constitue une transgression éthique grave puisqu'il vise à éliminer des embryons non-conformes. Cette transgression a été acceptée par le législateur, en l'encadrant strictement pour la seule détection de maladies génétiques d'une « particulière gravité », reconnues incurables au moment du diagnostic. Le fait d'élargir cette recherche à la trisomie 21 constitue un pas supplémentaire vers une utilisation eugénique du DPI. Rien n'empêchera de l'étendre demain à la recherche d'autres affections, voire à la satisfaction de désirs personnels.
C'est un signal extrêmement négatif adressé aux personnes atteintes de la trisomie 21 et à leurs familles. Sans cacher les difficultés rencontrées par les personnes trisomiques, il faut rappeler qu'il ne s'agit pas d'une anomalie mortelle. Ne sommes-nous pas devant un refus insidieux de nos sociétés modernes de l'accueil des personnes handicapées ?
A l'approche de la révision des lois de bioéthique, l'avis du CCNE ne va pas sans inquiéter sur les risques de dérives eugéniques, risques soulignés à la fois par le rapport du Conseil d'Etat (1) et par celui des Etats généraux de la bioéthique (2).
+ André Cardinal Vingt-Trois
Archevêque de Paris
Président de la Conférence des évêques de France
(1) « Tout assouplissement du DPI induit des risques supplémentaires d'eugénisme » in La révision des lois de bioéthique, Conseil d'Etat, La Documentation Française, 2009 p. 40.(2) « La réflexion des citoyens sur le DPI et le DPN (diagnostic prénatal) est marquée par le souci d'éviter les effets potentiellement eugénistes d'un usage incontrôlé de ces techniques » in Rapport final, Etats généraux de la bioéthique, Alain Graf, juillet 2009 p. 39.
A mon petit niveau j'ai envoyé un courriel à mon député, copies autres députés et sénateurs de mon département, direction centre d'accueil d'handicapés mentaux dont trisomiques proche de mon domicile et fondation jérôme lejeune, en reprenant les termes de la façon qui apparaît en fin de ce message et qui permet de personnaliser pour une éventuelle meilleure application auprès des élus.
Certes je sais que ce sujet est moins porteur que celui du PACS, mais en fait je crois que tout est lié, couple stable et à un âge où l'épouse est à sa capacité maximum de fécondité, donc moins de cas de stérilité, famille unie et plus nombreuse, solidarité, capacité à comprendre la richesse des personnes handicapés, capacité plus tard à l'accueil des personnes âgés et leur soutien.
Si vous pensez que cela peut-être utile...
liste députés par département
http://www.assemblee-nationale.fr/12/tribun/comm4.asp
Liste sénateurs par département http://www.senat.fr/listes/sencir.html
CITATION COURRIER
Monsieur (Madame) le député
L’avis eugéniste que vient de rendre le CCNE démontre encore que dans notre
pays, la chasse aux trisomiques se poursuit toujours d’une façon plus
impitoyable. Je m’indigne, tout comme de nombreux autres parents et associations
du fait que, quatre mois seulement après les arrêtés du ministre de la santé
ayant fait passer le dépistage anténatal de la trisomie 21 du deuxième au
premier trimestre, cette nouvelle étape confirme la volonté d’éradiquer le plus
tôt possible tout être humain atteint de trisomie 21 et renforce l’eugénisme. 50
ans après la révolution scientifique et humaniste de la découverte de la cause
de la trisomie 21 par le chercheur français Jérôme Lejeune, le symbole est lourd
de sens.
• Les chiffres sont significatifs : en France en 2009, 96 % des foetus
détectés
trisomiques pendant la grossesse sont éliminés avant la naissance.
• Des voix autorisées comme Didier Sicard, ancien président du CCNE,
Jean-
François Mattéi, ancien ministre de la santé, ont tiré la sonnette d’alarme face
aux graves dérives eugéniques du dispositif de dépistage des foetus trisomiques
en France, constat inscrit dans un rapport institutionnel préparatoire à la
révision de la loi de bioéthique (étude du Conseil d’Etat 6 mai 2009).
• Dans les contributions aux Etats Généraux de la bioéthique au printemps
dernier, les citoyens ont marqué une contestation quasi unanime de l’eugénisme
visant les enfants trisomiques.
C’est pourquoi à la veille de la révision de la loi de bioéthique, je vous écris
car 13 ans après l’installation d’un dispositif de dépistage systématique des
enfants trisomiques, et le constat qu’il a entraîné un eugénisme radical, je ne
peux comme de nombreux autres citoyens, me contenter de bons sentiments sur la
nécessité d’accueillir et insérer les personnes handicapées dans notre société,
si ce ne sont que des paroles en l’air. Je vous demande donc l’entière cohérence
de vos actes et le courage de demander à l’État de prendre des mesures fortes et
concrètes, sauf à entériner le choix collectif de l’éradication des enfants
trisomiques.
Je vous prie d’agréer Monsieur (Madame) le député, l’expression, de mes respectueuses
salutations, et de ma considération distinguée mais néanmoins pour l’instant
réservée eu égard à l’objet de mon courrier.
Rédigé par : c | 20 novembre 2009 à 10h52