Pour un premier groupe de pays, le moins que l’on puisse dire est que l’euro a pénalisé la croissance, à mille lieues des promesses de lendemains qui chantent de la campagne pour le traité de Maastricht. Ce premier groupe comprend notamment l’Allemagne, la France et l’Italie. Il pourra paraître curieux d’associer l’Allemagne, championne des exportations, mais il y a points communs.
En effet, ce premier groupe se caractérise par une faible croissance depuis dix ans. Plus de 2% de croissance annuelle est désormais un bon résultat pour ces pays. Il faut dire que la politique monétaire suivie par la BCE était inutilement restrictive pour des pays à faible croissance et faible inflation. Et depuis quelques années, leurs exportations en dehors de l’Union Européenne sont pénalisées par la surévaluation de l’euro : les économistes estiment son cours normal entre 1,05 et 1,1 dollar.
Pire, ce groupe est handicapé par la politique économique de l’Allemagne, première puissance économique de la zone euro. Au milieu des années 90, craignant pour sa compétitivité, notre voisin d’outre Rhin a choisi de délibérément comprimer ses salaires, ce qui a déprimé sa demande intérieure et a donc pénalisé les exportations de ses voisins européens. En outre, la crise a bien montré que l’euro ne nous protégeait de rien puisque la zone euro est entrée en récession avant et plus fortement que les Etats-Unis.
L'euro a également nui à l'Espagne et à l'Irlande :
la politique monétaire unique de la Banque Centrale Européenne ne s’est pas révélée plus appropriée à l’Irlande ou l’Espagne qu’à la France ou l’Allemagne. Au milieu des années 2000, les taux courts, à 4%, étaient trop élevés pour le couple franco-allemand, puisqu’ils correspondaient à la croissance nominale du PIB. En revanche, pour des pays comme l’Espagne, où la croissance nominale du PIB avoisinait les 7% ou l’Irlande, où elle était proche de 10%, les taux étaient beaucoup trop faibles.
Résultat, la monnaie unique y a provoqué une immense bulle financière et immobilière. L’effondrement économique actuel de ces pays montre bien que la croissance du passé était parfaitement artificielle et ne reposait sur aucun fondement solide. Pire, la récession qu’ils traversent rappelle la dépression des années 30 sans qu’ils puissent s’en échapper en dévaluant.
Saurons-nous en tirer les conséquences qui s'imposent ?
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