par Michael D. Tanner (traduction réalisée par l'Institut Molinari à partir de la tribune parue le 20 mars dans la National Review)
(…) Le projet de loi coûtera plus cher que les chiffres annoncés. Il ne faudra pas longtemps au Congrès pour découvrir le pot aux roses, à savoir que la réforme sera bien plus chère que ce qui est annoncé. Cela ne tient pas seulement à l’utilisation de gadgets budgétaires utilisés par les Démocrates pour cacher le coût réel de la réforme. C’est aussi un fait que les programmes gouvernementaux en général, et ceux dans le domaine de la santé en particulier, finissent toujours par excéder le coût initial prévu.
Par exemple, lorsque le programme social Medicare (couverture santé publique des personnes âgées de plus de 65 ans) a été institué en 1965, on estimait que la première partie de la réforme serait de 9 milliards de dollars en 1990. Il s’est avéré en réalité sept fois plus élevé - 67 milliards de dollars. De même, en 1987, la subvention exceptionnelle aux hôpitaux du programme Medicaid était évaluée à 100 millions de dollars par an jusqu’en 1992. Or, 5 ans plus tard, elle coûtait 11 milliards de dollars, soit plus de 100 fois plus. Et quand en 1988 furent établies les aides aux soins à domicile de Medicare, le coût estimé en 1993 était de 4 milliards de dollars alors qu’il fut en fait de 10 milliards de dollars.
Une fois qu’un « droit » acquis est en place, il devient pratiquement impossible de le supprimer. Les primes d’assurance ne cessent d’augmenter. Le Président a tenté de convaincre les gens que la réforme des soins de santé permettra de réduire leurs coûts d’assurance. Ils vont être surpris. Selon le Congressional Budget Office, les primes d’assurance doubleront dans les prochaines années. Le projet de loi n’atténuera pas cette augmentation. En fait, pour les millions d’Américains qui obtiennent leur assurance directement sur le marché plutôt que via leur employeur, ce projet augmentera les cotisations de 10-13 %. Les personnes jeunes et en bonne santé peuvent aussi s’attendre à voir leurs primes augmenter.
La qualité des soins va empirer. Les remboursements des médecins pour offrir des soins seront diminués, ce qui rendra inévitablement plus difficile de trouver un médecin. Une nouvelle enquête dans le New England Journal of Medecine rapporte que 46% des médecins pourraient renoncer à l’exercice de leur pratique du fait de cette réforme. Ce chiffre est sans doute exagéré mais souligne que de nombreux médecins pourraient décider de réduire leur nombre de patients ou prendre une retraite anticipée alors que dans le même temps, la demande continue d’augmenter créant ainsi des problèmes supplémentaires.
Dans le Massachusetts, après le passage de la réforme de la santé Romney, le délai d’attente pour consulter un généraliste est passé de 33 à 52 jours. La R&D sera également réduite, ce qui signifie qu’il y aura moins de nouveaux médicaments et autres innovations médicales. Du coup, le gouvernement interviendra de plus en plus, prenant des décisions médicales à tous les niveaux, décrétant quels sont les traitements les plus efficaces ou, pire, les plus économiques.
La gauche va continuer à en demander plus. Nancy Pelosi n’a-t-elle pas dit qu’« une fois la porte franchie, il y aurait de la place pour de nouvelles législations ». Face à la hausse des coûts et à l’augmentation des primes, sans parler des millions de personnes qui ne seront toujours pas assurées, les Démocrates pourront blâmer les compagnies d’assurance et réclamer des réformes supplémentaires. Ils diront tout simplement que leur réforme n’allait pas assez loin et qu’ils ont donc échoué. Pelosi ne pouvait plus maintenir le couvercle sur ce que la gauche dure s’est empêchée de dire jusqu’à maintenant, à savoir que cette réforme est la première étape idéale pour ensuite imposer un régime unique d’assurance maladie universelle.
Les Républicains n’essaieront pas vraiment de l’abroger. Les Républicains feront campagne cet automne avec la promesse de supprimer cette réforme hautement impopulaire. Cette impopularité représente pour eux un avantage important pour se faire élire. Mais en réalité, il y a peu de chances qu’ils essaient ensuite de revenir en arrière. Même si les Républicains arrivaient à contrôler les deux Chambres, ils continueront de faire face au véto présidentiel et à des obstructions systématiques des Démocrates.
(…) Le fait que les Républicains aient critiqué la reforme Obama pour avoir diminué le programme Medicare indique clairement qu’ils ne sont pas désireux de faire face à l’impopularité de diminuer les « droits » acquis de la population, même s’il devient difficile, voire impossible, de financer ces droits. Le fait que Paul Ryan a proposé un plan ambitieux en matière de réforme des droits, mais que seules 6 personnes ont décidé de le parrainer conjointement en dit long. (…)
Michael Tanner est senior fellow au Cato Institute et coauteur de Healthy Competition : What’s Holding Back Health Care and How to Free It (Une saine concurrence : ce qui freine le système de santé et comment le libérer).
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.