A sa tête Jean Robin, éditeur qui justifie son initiative en ces termes :
Comme l’analysent Régis Debray, Alain Finkielkraut, et d’autres, les médias sont devenus le “clergé” des temps modernes. La Charte de Munich de 1971 stipule par exemple que « le journaliste n’accepte en matière d’honneur que la juridiction de ses pairs ». Les médias ont aujourd’hui le pouvoir de faire et défaire l’actualité, décident qui inviter ou ne pas inviter, décrétent quels sont les débats autorisés ou interdits. Leur seule légitimité est celle d’exister, leur seule puissance celle d’être un monopole.
Ce monopole a été brisé au 21e siècle par l’arrivée d’Internet, dont les spécificités révolutionnent à la fois la donne médiatique et politique. Permanence de l’information, interactivité, hyper-contextualisation, gratuité et diffusion mondiale font de chaque homme un média potentiel. Inexorablement, la part de marché des médias de masse s’effrite face à la montée des “médias des masses” (Joël de Rosnay). Le tsunami internet déferle, sans jamais faire la « une » des médias classiques, énième preuve que l’actualité qu’ils définissent n’est pas la bonne.
Les médias traditionnels ont besoin de moyens considérables pour fonctionner et dès leur naissance, au 19e siècle, ont été sous la domination d’intérêts financiers. L’Etat d’une part, les très grandes entreprises d’autre part, sont toujours aujourd’hui les alliés des médias, les finançant d’un côté, en bénéficiant de l’autre. Le citoyen ne reçoit ainsi que des informations intéressées ou partielles et, depuis bien longtemps, la “grand messe” des prêtres du 20h déforme plus qu’elle n’informe, et dresse le portrait d’un monde conforme aux intérêts des médias et de leurs propriétaires.
Grâce à Internet, le rapport de forces est en passe de s’inverser. Les médias historiques tentent de résister à la vague numérique, créent sur la toile des clones de leurs anciens supports, y engloutissent les fortunes amassées par le passé grâce au monopole de fait dont ils jouissaient. La pression d’Internet est cependant trop forte, et le besoin de nouveaux médias trop impérieux, pour laisser le temps aux dinosaures de s’adapter. Seuls les petits survivent, c’est ce que nous constatons déjà avec les médias de niche qui sortent remarquablement leur épingle du jeu.
A chaque ouverture de blog, à chaque publication de post, à chaque nouveau lien hypertexte, nous assistons en somme à une Déclaration d’indépendance médiatique. Avec ce nouveau du pouvoir de dire ce qui est, et ce qui n’est pas, le citoyens accède peut-être, enfin, à la maîtrise de son destin. “Les faits divers qui font diversion” (Bourdieu), n’ont plus leur place dans une infosphère libérée du sensationnalisme et du voyeurisme. De nouveaux critères de qualité émergent, et s’imposent.
Enquête et débat se propose de construire, avec vous, un média ouvert qui permettra au plus grand nombre d’être informés non pas de «l’actualité» mais de la «réalité.»
Bonne chance à cet ambitieux confrère !
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