Lu dans Présent de samedi, sous la plume d'Olivier Figueras :
« Dans un monde où Dieu est absent, le célibat est un grand scandale (…) qui devrait disparaître. » Interrogé par l’un des 15 000 prêtres rassemblés place Saint-Pierre pour une veillée célébrant la fin de l’année sacerdotale, Benoît XVI a ainsi souligné qu’être prêtre « n’est pas un travail mais un total don de soi », et que le célibat est « le meilleur antidote contre d’autres scandales causés par nos insuffisances de mortels ».
La critique du célibat des prêtres « peut surprendre à un moment où ne pas se marier est de plus en plus à la mode », a souligné le Pape. Mais « un oui définitif, pour se donner à Dieu, est le oui définitif du mariage, forme naturelle d’union entre un homme et une femme et fondement de la culture chrétienne dans le monde. (…) S’il devait disparaître, disparaîtrait les racines de notre culture ».
La veille, au cours de l’audience générale, Benoît XVI avait demandé aux fidèles d’être les soutiens des prêtres : « Priez particulièrement, en cette fin d’année sacerdotale, pour vos prêtres et vos séminaristes. Encouragez-les et soutenez-les. »
Ce 11 juin, le Pape célébrait la messe de la solennité du Sacré-Cœur pour conclure l’Année sacerdotale, et consacrer à nouveau les prêtres du monde au Cœur Immaculé de Marie. A cette occasion, Benoît XVI devait utiliser un calice ayant appartenu à saint Jean-Marie Vianney, qu’il devait proclamer saint patron non plus seulement des curés du monde, mais de tous les prêtres.
Or, selon certains médias, le Pape aurait renoncé à proclamer ce patronage. Le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, aurait apparemment confirmé à La Croix ce changement de dernière minute.
Frédéric Mounier, son envoyé spécial à Rome, s’en réjouit sur son blog, estimant que cette décision « signifie que le Vatican est à l’écoute des Eglises locales. Celles-ci, depuis le début de l’année sacerdotale, ont fait savoir que la figure du Curé d’Ars, modèle estimable s’il en est, ne rend peut-être pas compte de la grande diversité des figures de prêtre d’aujourd’hui ».
Il note aussi qu’elle « manifeste également un certain flottement dans la coordination de l’information » vaticane. C’est le moins qu’on puisse dire !
Quant à la diversité justificative, on ne voit pas qu’elle soit en quoi que ce soit détruite par un exemple donné. D’abord, parce qu'il n’y a qu’un seul Prêtre, ainsi que l’a rappelé le Cardinal Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, dans une conférence donnée à l’occasion de cette clôture de l’Année sacerdotale.
Ensuite, parce qu’en donnant un modèle, on n’a jamais prétendu faire de ceux qui le suivent de simples clones. Il n’est pas question d’imiter pratiquement l’exemple que constitue le Curé d’Ars, mais de tâcher de vivre de Dieu comme il l’a fait.
Le cardinal Bertone, dans l’homélie donné jeudi, a souligné encore « l’exemple de saint Jean-Marie Vianney qui nous a accompagnés tout au long de cette Année sacerdotale ».
Dans sa méditation, le cardinal Ouellet mentionnait d’ailleurs le saint Curé d’Ars, « patron de tous les prêtres, par la grâce de Dieu et la sagesse de l’Eglise ». Et il ajoutait : « Saint Jean-Marie Vianney a confessé la France repentante, déchirée et meurtrie par la Révolution et ses suites. Il a été un prêtre exemplaire et un pasteur zélé. Il a restauré la prière au cœur de la vie sacerdotale. »
N’est-ce pas suffisant pour les 408 024 prêtres répartis sur les cinq continents que l’Eglise compte aujourd’hui ?
Bien d’autres, comme le cardinal Hummes, ont exprimé l’exemplarité du saint Curé d’Ars. On la retrouve dans les lignes mêmes de La Croix, dans les réponses du P. Gagey, théologien, interrogé notamment sur la figure du Curé d’Ars : « La vie du curé d’Ars rappelle que le service de l’institution ne doit pas devenir une fin en soi. Certaines formes de sa piété sont certes désuètes, mais on n’invente qu’en revisitant le passé. Cette spiritualité fait partie de ces formes de piété sans lesquelles nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd’hui. Nous n’avons pas à les copier, dans un mimétisme qui serait mortifère, mais notre avenir dépend de notre capacité à ne pas être en rupture avec ce passé. »
Et la Congrégation pour le Clergé, dans le site dédié à l’Année sacerdotale, rappelle quelques citations de saint Jean-Marie Vianney :
« L’Ordre : c’est un sacrement qui ne semble regarder personne parmi vous et c’est un sacrement qui regarde tout le monde. »
« C’est le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption sur la terre. »
« Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il est pour vous. »
Quelle que soit leur diversité, les prêtres ne se retrouvent-ils pas dans ces (quelques) affirmations ?
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