Le chef de l'Eglise catholique belge, secouée par les scandales de pédophilie, a prôné mercredi 27 octobre la clémence pour les ecclésiastiques les plus âgés coupables d'abus sur des jeunes, estimant que les traduire en justice reviendrait à exercer "une sorte de vengeance".
Les abuseurs "doivent évidemment prendre conscience de ce qui s'est passé dans leur vie, mais s'ils ne sont plus du tout en fonction, s'ils n'ont plus aucune responsabilité, je ne sais pas si exercer une sorte de vengeance qui n'a plus aucun résultat concret est une solution humaine", a déclaré l'archevêque André-Joseph Léonard lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision publique RTBF, selon des extraits diffusés sur Internet.
"Est-ce que [les victimes] souhaitent vraiment qu'un prêtre de 85 ans soit maintenant, tout d'un coup, mis au pilori, décrié publiquement ? Je pense que la plupart ne souhaitent pas ça", a ajouté le primat de Belgique. "La justice, c'est tout d'abord que les victimes aient été entendues", déclare encore l'archevêque de Malines-Bruxelles. Interrogé pour savoir si "les abuseurs punis, ce n'est pas une bonne chose ?", Mgr Léonard poursuit : "Punis, certainement, s'ils sont encore en activité, ne fût-ce que pour prévenir d'autres dérapages possibles, mais la vindicte poussée jusqu'au bout, je ne sais pas si c'est humain."
Tollé dans les médias, y compris certains bienveillants à l'égard des mouvements pédophiles dans les années 70... Quelle société paradoxale que la nôtre, souple dans ses grands principes (sauf pour ce qui concerne une certaine interprétation des droits de l'homme), intransigeante dans l'application de certaines lois (anti-tabac, etc) et dans la sanction de (seulement) certains comportements...
Thibaud
Je ne partage pas cette vision des choses. Même si la peine est symbolique parce qu'inapplicable à cause de l'état de santé et l'âge du violeur, abuseur est trop doux comme terme pour la réalité de ces actes, une peine est nécessaire pour le criminel, les victimes et la société.
Sans condamnation, pas de reconnaissance publique, sociale, de la victime et du criminel.
Je ne comprends pas bien cette attitude de Mgr Léonard. Peut-être s'inscrit-elle dans une perspective plus vaste qui n'est pas développée dans l'article ci-dessus.
Effectivement, justice n'est pas vengeance et une peine maximale avec emprisonnement jusqu'à la mort n'aurait pas grand sens et ne réparerait pas les crimes connus.
Mais parler d'oubli à des personnes blessées à vie malgré le pardon qu'elles peuvent accorder et toutes les psychothérapies du monde, c'est être pour le moins léger à leur égard.
Le criminel doit comprendre et assumer qu'il a brisé des vies et le payer dans sa chair et son esprit.
Personne ne doit être à l'abri de la responsabilité devant ses actes et un violeur d'enfants est un criminel particulièrement odieux. D'avoir été prêtre ne devrait pas le rendre moins, mais plus responsable.
Une fois dit et réglé ce point, il faudra bien revenir à la racine de cette perversion de l'affection et de la sexualité pour comprendre et essayer de tarir une source de ces horreurs. Et parler aussi de la disparition des règles de discernement dans l'accès aux ordres sacrés depuis une génération ainsi que l'invasion en parallèle des explications fatalistes de la sexualité façon Freud dans les séminaires et la morale catholique.
Pour avancer, il faut guérir et pardonner. Mais pour cela, justice doit passer sans le moindre doute ou exception.
Rédigé par : Dominique | 30 octobre 2010 à 17h27
Je pense aussi que Mgr LEONARD est bien imprudent. Je vous pose la question, Thibaud : si un gars, prêtre ou pas, viole votre petite fille, renoncerez vous à le voir condamné, au moins sur le principe ??? En tout cas, c'est à la victime de décider si les poursuites doivent s'arrêter, et non au responsable hiérarchique du coupable !!!
Rédigé par : abbé GROSJEAN | 30 octobre 2010 à 17h33
Monsieur l'abbé,
Je suis content d'avoir un prêtre qui partage mon point de vue. Il faut reconnaître que l'institution Eglise a été trop pusillanime dans le domaine de la prévention. En voulant protéger sa mission du scandale, elle a ouvert la brèche qui permet, souvent injustement, de la déconsidérer.
Comme le propos de Mgr Léonard, je reconnais que je n'ai pas lu cette phrase dans son contexte, qui disait que les malades du sida ou les homosexuels subissait une sorte de châtiment de Dieu, ce qui s'oppose à la doctrine constante de l'Eglise.
Et en ce qui concerne les prêtres violeurs d'enfants souvent confiants envers ces ministres de Dieu, quel dégât pour l'image du prêtre?, cela devrait être pris à la légère?
J'avoue que je ne comprends pas.
La plus élémentaire justice paraît évidente dans cette affaire. Et qu'ils continuent à faire le ménage. Que la société soit cohérente et permette à une institution religieuse ou éducative de plus facilement pouvoir se débarrasser d'une personne suspecte sans avoir à justifier son attitude.
Je parle en connaissance de cause. Malheureusement!
Rédigé par : Dominique | 30 octobre 2010 à 18h30