On se doute bien que ce n'est pas l'immonde qui va chanter les louanges d'un cinéaste talentueux et à la vie exemplaire, républicain convaincu de surcroit. Mais là sa filiale diplomatique (hum!) y va fort. Jugez vous-même sur base de cet extrait:
"Interrogé en 2008, lors de la projection cannoise de L’Echange, sur Harry Callahan, le policier de San Francisco qu’il interprétait en 1971 dans L’Inspecteur Harry, le film de Don Siegel, Clint Eastwood n’a pas varié d’un iota dans sa défense du personnage : « Pour moi, Harry était juste un type en colère contre un système qu’il jugeait corrompu et inefficace. Confronté à un taux de criminalité galopant, entravé dans l’exercice de son métier par la bureaucratie, la basse politique, il en venait à se comporter de façon extrême. ». « Criminalité galopante », « entravé par la bureaucratie » : nul besoin d’être expert en sociologie politique pour situer l’origine de ce genre de discours. D’autant que le cinéaste précise : « C’était une époque où l’establishment de gauche se préoccupait surtout du droit des accusés. » Et de renchérir : « D’un autre côté, de plus en plus de gens se demandaient ce qu’il en était du droit des victimes ! Il se trouve que j’étais de ceux-là. Du coup, j’avais une certaine sympathie pour le personnage de Harry. » A ce point « du côté des victimes » qu’il pouvait abattre un criminel en esquissant un sourire de satisfaction explicite."
Hé ben oui, c'est sûr que rappeler un peu trop brutalement la nécessité élémentaire d'une justice digne de ce nom et certaines réalités sociologiques évidentes, c'était trop inconvenant pour des journaleux bobos décérébrés et doppés aux bons sentiments niais (voire à autre chose, qui sait?). Lui est également reproché de mettre en scène des personnages individualistes (alors que les journaux de ce type ont précisément prôné l'individualisme forcené, mais bon, uniquement pour certaines catégories!), de se méfier des institutions politiques considérées comme corrompues (Quelle horreur! C'est que nous chèèèères institutions parlementaires sont bien connues pour être irréprochables) et de mépriser le peuple (un comble quand on sait que Clint incarne systématiquement des personnages de prolos, qu'ils soit civils ou militaires, le vrai peuple!). Mais ce qui énerve le plus l'immonde est sans aucun doute le fait que Clint Eastwood, en dépit de toutes ces "tares" (en plus d'avoir soutenu successivement Richard Nixon, Ronald Reagan, Georges W Bush et John Mc Cain) puisse être un aussi grand cinéaste, talentueux et charismatique, et, par-dessus le amrché, triompher au box-office. Le torchon bobo essaie bien sûr d'amoindrir son mérite en pointant du doigt des histoires stéréotypées et toutes identiques, mais on sent qu'ils sont à la peine, à se demander si l'auteur de cet article croyait vraiment aux âneries qu'il énonçait. Mine de rien, c'est dur la vie de pigiste au Monde!
Raspail
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