au travers d’un dialogue à deux voix – le père et la fille –, une chose apparaît maintenant clairement, dont on se doutait : Jean-Marie Le Pen ne laissera pas le parti qu’il a fondé en 1972 tomber ailleurs que dans les mains d’une Le Pen. Ce sera elle, ou… elle.
Non seulement Jean-Marie Le Pen couvre d’éloges comme jamais sa fille mais, au-delà de la présidence du FN (comme si c’était, en fait, réglé), il l’imagine déjà candidate à la présidence de la République en 2012, et même présente au second tour. « Ce serait une chance pour la France », dit-il. Et d’ajouter, soudain affectif, que ce scénario constituerait, pour lui, « une joie profonde ». Marine, l’air de rien, glisse alors que toute sa famille « fait bloc » (derrière elle) et qu’elle entend être, le jour venu, porte-parole, ni plus ni moins, d’une « révolution patriotique ».
Mais comme Marine Le Pen est suspectée par les amis de Gollnisch d’être trop aimée des médias et, surtout, de rêver un jour à on ne sait trop quel rapprochement avec la droite républicaine, son père, en sa présence, contre-attaque. En trois temps.
Il fait une fois de plus des immigrés la source principale – voire unique – de tous les maux français. Et Marine Le Pen approuve, renchérit, en remet. Le ton est sans nuance, carré, presque violent par moments.
Il explique, et insiste. Les amis de Gollnisch n’ont jamais eu, historiquement, qu’un seul destin : le flirt avec la droite, quand ils n’ont pas noué avec elle des alliances coupables. A bon entendeur !
Il confie, en substance, que Gollnisch est un monsieur « respectable » mais qu’il n’a ni le tonus physique ni le charisme pour animer demain le parti, puis se porter candidat à l’Elysée. Gollnisch au Quai d’Orsay ? Oui, mais pour le reste…
Deux interprétations – contradictoires – peuvent être données de ces confidences surprenantes. Soit les jeux sont faits, et les Le Pen considèrent que, maintenant, on passe aux choses sérieuses : le FN, c’est Le Pen, et la récréation, c’est fini. Seul Gollnisch ne l’aurait pas encore compris. Soit –autre hypothèse – Marine est moins assurée qu’elle ne le dit du vote des militants et, avec l’appui de son père, la voilà qui joue donc la « carte famille ». Qui ressemble de près à une carte « propriété privée ».
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