par Captain Europa
« Reviens, le 12 ! » implorait hier matin dans La Tribune Jean-Baptiste Jacquin. « Trop c’est trop » : l’éditorialiste veut bien sûr parler de l’ouverture à la concurrence des services de renseignement téléphonique et de la disparition du 12 au profit des 118… Nostalgie ? Pas vraiment… Sur trois ans, les tarifs ont explosé de plus de 50% (62% pour l’opérateur le plus consulté, le « 118 218 »). Dire que l’ouverture à la concurrence avait pour objectif principal d’améliorer la vie du consommateur ! D’ailleurs, combien de Français ont en tête les numéros de renseignement actuels ? L’incontournable 12, facile à mémoriser et meilleur marché nous manque !
Mais personne ou presque ne rappelle que cette réforme aberrante a pour origine… Bruxelles.
La coupable ? « PT/ECTRA Recommendation of 4 December 1997 on Numbering Access to Voice Directory Enquiry Services (ECTRA/REC(97)01) » qui avait pour objectif d’introduire en Union européenne l’accès uniforme aux services de renseignements téléphoniques grâce au code d’accès 118 harmonisé.
L’harmonisation a frappé nos voisins anglais, autrichien, finlandais, allemand, italien, hollandais, espagnol, suédois, etc… mais pas belges. En effet, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) a décidé le 12 juin 2006 que la Belgique ne s’alignerait pas, notant la « satisfaction des utilisateurs et des opérateurs » et craignant l’accroissement de « la complexité de l’organisation des services de renseignements téléphonique ». Cela « doit être contrebalancé par un effet positif éventuel de la concurrence accrue pour l’utilisateur final en raison d’une modification de numéros » suppose à l’époque l’IBPT. Pas complètement à côté de la plaque, la vénérable institution ose alors : « Cet effet positif est incertain et n’est pas démontré ».
3 ans plus tard, les Français payent cher la lubie "dérégulatrice" des technocrates bruxellois. A tel point que Luc Chatel, le secrétaire d’Etat à la Consommation réfléchit (opportunément en pleines élections européennes) à un arrêté qui « fera l’obligation aux opérateurs concernés de mettre en place en début de communication un message de dix secondes au cours duquel sera précisé le tarif précis auquel sera facturé l’appel » (Le Parisien du 12 mai). Les « 118 » apprécient peu et rappellent avec justesse que l’ouverture à la concurrence a entraîné d’énormes dépenses publicitaires pour permettre à certains de s’imposer sur ce nouveau marché. En juin 2006, deux mois après la disparition du 12, déjà plus de 210 millions d’euros avaient été dépensés dans la pub…
A cause de Bruxelles, les consommateurs français passent à la caisse. C’est en moyenne déjà 40 euros par an qu’ils dépensent dans ces numéros surtaxés ! Et beaucoup plus pour ceux qui n’ont pas la chance ou les moyens d’avoir un accès à internet (et donc aux annuaires gratuits en ligne).
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