par Patrick Louis, député français au Parlement européen, candidat
Libertas sud-Est
Parti à Marseille à la rencontre des professionnels ce vendredi 15 mai, en compagnie de Philippe de Villiers et de Frédéric Nihous, je n’ai pu que constater à quel point pêcheurs, vignerons, camionneurs et fleuristes sont, comme tant d’autres, au fait de la mondialisation sauvage.
Arrivé le matin sur le port, les pêcheurs nous interpellent aussitôt, désespérés, eux qui sont interdits de pêche par la Commission européenne alors que sur 100 kilos de poisson consommés en France, 80 kilos ont été importés ! Il se propage un véritable mensonge sur le manque de ressources du monde maritime, qui fait le jeu des pays extra-européens. La Norvège pêche dix fois plus de cabillaud que toute l’Union européenne réunie ! Et les 4 millions d’euros d’aumône de Barnier n’y feront rien, la profession est en péril.
Même constat au contact d’un fleuriste, qui vend la rose 32 centimes. Pour vivre de son commerce, il ne peut pas l’acheter en France, où il paierai la rose varoise 30 centimes. Non, il est obligé de se fournir au Kenya, où la rose coûte 15 centimes, arrive en Hollande par avion, redescend sur Lyon en camion, et termine sa course à Marseille en bateau. Une belle leçon d’écologie ! Pourquoi le Kenya ? Les travailleurs y sont payés 50 euros par mois. Mais eux aussi sont menacés, car les producteurs comptent délocaliser sont peu chez leur voisin éthiopien, où le salarié se paie là bas moins de 25 euros…
Que dire du camionneur français d’Aubagne ? Lui qui coûte 3.800 euros par mois à son employeur, et ne travaille « que » 48 heures hedbomadaire. Les camionneurs lituaniens, très en vogue, travaillent par équipe de deux, 24h/24h, pour 700 euros par mois, tout comme les chauffeurs roumains, qui font des allers-retours d’Aubagne à Marseille nuit et jour, sans discontinuité.
Une visite honorable en Provence ne saurait se terminer sans la rencontre d’un vignoble. La encore, les perspectives sont très sombres. Informés par leurs syndicats, les viticulteurs savent que M. Barnier avait donné son accord au coupage du vin rosé, et que ce dernier est, à terme, condamné. Les AOC connaitront un peu de répit face aux vins de pays, mais pour combien de temps ?
Voilà tout le paradoxe d’une Europe qui, au nom d’une idéologie mondialiste, accable nos économies de contraintes, de taxes, et de normes, alors qu’elle les expose dans le même temps à la concurrence avec des pays qui n’ont aucune contrainte à respecter, pas même sociales. De pays qui -comme la Chine, le Niger ou la Bulgarie- font même travailler des enfants.
Quel mal y a-t-il à mettre en place des droits compensateurs ? Il y a au contraire urgence. Contrairement aux apparences, l’Europe du couple Sarkozy-Merkel nous a précipité dans la crise, avec une récession annoncée de 2,5% pour l’année 2009, soit bien plus que les Etats-Unis qui devraient connaître 1,6% de recul.
Rééquilibrer les échanges internationaux, c’est en somme permettre à chacun de pouvoir vivre de son travail, mais aussi faire en sorte que les pays puissent se nourrir de leur propre agriculture, conserver leurs industries. Penser global pour agir local, voilà le vrai acte économique et écologique de demain.
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