Monseigneur Tricard, recteur de la basilique de Vézelay, avait dénoncé publiquement, face aux caméras, la visite de Bruno Gollnisch à la basilique le 30 avril dernier dans le cadre de son mandat européen. Le numéro 2 du Front National vient d'envoyer hier une réponse publique à Monseigneur le Recteur...
Et c'est ici, en exclusivité pour e-deo!
Monseigneur,
Jeudi 30 avril, lors de mon passage à Vézelay, vous dénonciez publiquement ma visite de la basilique devant les caméras de télévision. Permettez-moi de vous répondre à mon tour publiquement.
Tout d’abord, je dois avouer une première incompréhension. En effet, lorsque quelques jours plus tard je vous ai fait demander courtoisement de m’adresser copie de votre déclaration, vous avez refusé. Tout du moins, j’attends encore. Cette lettre n’avait-elle pas été rendue publique? N’y étais-je pas, de surcroît, mis en cause? Ma requête était on ne peut plus légitime et vous auriez du y accéder. Mais passons.
Il reste que je ne comprends pas votre démarche. Pourquoi avez-vous cru devoir intervenir publiquement pour contester ma visite de la basilique? Parce qu’elle figurait sur mon agenda de député européen, qui est public ? Vous savez cependant que cet édifice public est classé au patrimoine mondial de l’humanité. Tout le monde : chrétien, musulman, bouddhiste ou agnostique peut donc s’y sentir chez soi. Et il est sans doute encore plus légitime qu’une personnalité publique s’y rende afin de faire honneur à ce monument historique, témoignage de pierre d’une Foi vivante et joyau de la civilisation chrétienne et française. Français, je suis partout chez moi en France; député européen du «Grand Est» dont fait partie la Bourgogne, je le suis plus encore à Vézelay qu’ailleurs; et enfin, baptisé et n’étant pas, que je sache, excommunié, je puis entrer dans une église sans permission particulière. Avez-vous été choqué par le fait que j’étais candidat au renouvellement de mon mandat ? Mais je ne suis pas venu dans la basilique pour y coller des affiches, distribuer des tracts, prêcher la Croisade comme Saint Bernard, ni tenir la moindre réunion ! Candidat à l’élection européenne, j’ai d’ailleurs droit à une entière liberté de déplacement. L’Eglise de France s’est-elle indignée lorsque Nicolas Sarkozy s’est rendu au Mont Saint Michel pendant le campagne présidentielle? S’est-elle offusquée d’une récupération électorale?
Non Monseigneur, je ne confonds pas le domaine temporel et le domaine spirituel. Mais si je les distingue bien évidemment, je ne les sépare pas pour autant. Car la volonté qu’ont certains de toujours vouloir les opposer a souvent engendré des conflits stériles. De même que la civilisation japonaise dont je suis spécialiste porte l’empreinte du shintô et du bouddhisme, je constate que notre civilisation plonge ses racines dans le christianisme et qu’à cet égard, entre autres, l’apport culturel et social de la religion est immense. Comme il en subsiste, entre autres, tant de témoignages, du plus humble calvaire à la croisée de deux chemins, jusqu’à la basilique dont vous avez la charge.
Je suis en outre de ceux qui croient- ils ne sont pas si nombreux !- que toute politique doit s’enraciner en morale, et que la morale découle du spirituel.
Je pense que j’aurais suscité moins de protestations de votre part si j’avais été, comme beaucoup de mes concurrents dans cette élection, un homme politique niant les racines chrétiennes de l’Europe, niant l’existence de principes supérieurs, ou d’un ordre des choses que l’homme n’a pas fait mais dont il est naturellement tributaire. Si comme certains de mes adversaires, apprentis sorciers de diverses obédiences, j’avais combattu les institutions naturelles, aussi bien la famille que la nation, sur lesquelles repose notre civilisation. Et si j’étais de ceux qui veulent construire un monde sans Dieu, coupé de toute transcendance, et fondé sur des « droits de l’homme » à géométrie variable, définis par des majorités de circonstance, mais toujours compatibles avec l’hédonisme ambiant.
Ai-je fait l’objet de votre hostilité parce que candidat du Front National? Gardez-vous, Monseigneur, des jugements téméraires. Ma formation politique rejoint a bien des égards d’ailleurs les aspirations exprimées par l’Eglise dans sa doctrine sociale. Notre « nationalisme », il est vrai, nous est souvent reproché. Il n’est cependant pas conquérant, mais pacifique. Nous ne voulons faire la guerre à aucun autre peuple, ni annexer aucun territoire pour étendre le nôtre. Nous ne revendiquons aucune domination, ni aucune supériorité de notre peuple sur un autre. Au contraire, la souveraineté que nous voulons pour notre patrie, nous reconnaissons également aux autres nations le droit de la revendiquer pour elles. Beaucoup d’Asiatiques, d’Africains, d’Européens de l’Est ou de Latino-américains comprennent et approuvent notre combat, confrontés eux aussi au risque de destruction de leur identité par les forces d’un mondialisme qui avance paré de toutes les vertus, mais qui cache souvent les intérêts les plus cyniques. Notre nationalisme n’est ni idolâtre ni païen: nous ne déifions pas la nation. Car nous reconnaissons en deçà de la nation l’existence de corps intermédiaires. Et, au-delà d’elle, celle de principes moraux que la volonté humaine ne décrète pas mais auxquels elle reste subordonnée.
Je suis évidemment disponible, Monseigneur, si vous désirez vous entretenir avec moi à ce sujet. Car le vrai dialogue dissipe bien souvent les malentendus.
Mais dans l’attente, votre mise en cause de ma personne ayant été publique, je pense que vous comprendrez que ma réponse le soit aussi.
Veuillez agréer, Monseigneur, l’expression de ma considération,
Bruno Gollnisch,
Député européen,
(Neveu de feu Mgr Stourm, archevêque de Sens & évêque d’Auxerre).
En attendant le lettre ouverte de Bruno Gollnisch aux évèques de France, beaucoup plus conséquente (environ une dizaine de pages), qui sera publiée d'ici peu...
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.