par Mgr Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron
La situation des producteurs laitiers n’est pas moins tragique, dans les Pyrénées-Atlantiques, que dans bien d’autres régions de France ou d’Europe.
L’effondrement des prix du lait est en effet tel que la plupart d’entre eux ne sont plus en mesure de couvrir leurs coûts de production, et beaucoup pourraient bien succomber sous le poids de la dette qui les accable.
A court terme, l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution entendent tirer parti de la baisse des prix du lait pour accroître leurs marges et leurs profits, mais à moyen ou à long terme, cette politique implique la disparition d’un grand nombre d’éleveurs et d’exploitants agricoles, au détriment du tissu rural et de la collectivité tout entière.
Les grèves et la radicalisation des producteurs de lait sont, pour l’heure, l’expression d’un profond désarroi, un véritable « cri de désespoir » auquel l’Etat et les instances européennes ne peuvent pas ne pas répondre.
Il n’est donc pas acceptable qu’au nom d’un libéralisme sans frein, l’Europe des technocrates de Bruxelles prétende imposer à l’ensemble de ses pays membres, des orientations qui, sous prétexte de performances économiques, créent des inégalités supplémentaires au détriment d’un grand nombre d’exploitants agricoles.
L’économie est faite pour l’homme et non l’homme pour l’économie. Voilà pourquoi l’Eglise défend le droit, pour tout homme, de vivre des fruits de son travail, de percevoir un « juste salaire » ou d’être rémunéré en fonction d’un « juste prix », susceptible de lui permettre de vivre dignement avec tous les siens ; « l’activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande », et le marché « ne doit pas devenir le lieu de la domination du fort sur le faible » (Benoît XVI, Caritas in veritate, § 36).
C’est dans cet esprit que je soutiens, et que j’appelle les chrétiens du diocèse à soutenir, auprès des pouvoirs publics, les revendications des producteurs de lait en faveur d’une nouvelle réglementation européenne et d’une juste régulation du marché.
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