Le prix Nobel de littérature 2009 vient d'être accordé, cette semaine, à l’Allemande d’origine roumaine Herta Müller. Née en 1953 en Roumanie, Herta Müller est connue
pour ses œuvres dépeignant les dures conditions de vie dans la Roumanie communiste
de Ceauşescu. Elle s’y est âprement battue, refusant de servir d’indicateur à la police
secrète alors qu’elle était traductrice dans une usine. Censurée, harcelée, diabolisée,
Herta Müller a fini par fuir en Allemagne de l’Ouest en 1987.
A cette occasion, nous osons citer la description que fait Virgil Ierunca (*) de la
prison de "rééducation communiste" de Pitesti ,à 110 km de Bucarest.
C'est "glauque" comme on dit en ces jours-ci... A ne pas mettre sous tous les yeux. Mais il ne faut pas cesser de rappeler les horreurs du communisme si proches de nous :
La Securitate, police politique roumaine, a utilisé lors des interrogatoires les méthodes "classiques" de torture: passage à tabac, coups sur la plante des pieds et suspension par les pieds, tête en bas. A Pitesti, la cruauté des tortures a dépassé de loin ces méthodes. Toute la gamme - possible et impossible - des supplices fut pratiquée : diverses parties du corps étaient brûlées à la cigarette; des prisonniers avaient les fesses nécrosées, leur chair tombait comme celle des lépreux; on en forçait d'autres à avaler toute une gamelle d'excréments et, quand ils vomissaient, on leur rentrait leur vomissure dans la gorge. L'imagination délirante (...) se déchaînait tout particulièrement contre les étudiants croyants qui refusaient de renier Dieu. Certains étaient "baptisés" tous les matins de la façon suivante: on leur plongeait la tête dans la tinette pleine d'urine et de matières fécales, tandis que les autres détenus psalmodiaient autour de la formule du baptême. Pour que le supplicié ne se noie pas, on lui sortait la tête de temps en temps et on le laissait brièvement respirer avant de la lui replonger dans le magma. (...) Quant aux séminaristes, (on) les obligeait à officier dans les messes noires qu'il mettait en scène, surtout pendant la semaine sainte, le soir de Pâques. Certains faisaient les chantres, les autres les prêtres. Le texte de la liturgie (...) était évidemment pornographique, il paraphrasait de manière démoniaque l'original. La Sainte Vierge était appelée "la grande putain" et Jésus "le connard qui est mort sur la croix". Le séminariste qui jouait le rôle du prêtre devait se déshabiller complètement, on l'enveloppait dans un drap maculé d'excréments et on lui accrochait au cou un phallus confectionné avec du savon et la mie de pain et saupoudré de DDT. En 1950, lors de la nuit de Pâcques, les étudiants en cours de rééducation eurent à passer devant un tel "prêtre", à baiser le phallus et à dire: "Christ est ressuscité."
(*) Pitesti, Laboratoire concentrationnaire, 1949-1952, cité dans Le Livre noir du Communisme aux Editions Robert Laffont , p 457.
Thibaud (Merci à EVR)
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