Lu dans Le Guépard d'octobre 2009, un nouveau mensuel d'information et d'analyse politique de tendance libérale-conservatrice destiné aux étudiants :
La réforme de santé réveille l’Amérique conservatrice, la crise économique et les plans de relances faramineux d’Obama avaient déjà provoqués l’ire de Ron Paul et de l’aile paléolibertarienne du camp républicain. L’étatisme démocrate provoque une réaction en chaîne, le malaise est si profond que les sécessionnistes texans connaissent un essor sans précédent. L’Etat du Texas, connu pour être celui de l’“Amérique profonde” et conservatrice, développe une velléité d’indépendance de plus en plus importante. Simple vague de contestation ou véritable ras de marée ?
1 millions de texans ont déjà signé une pétition réclamant au gouverneur du Texas la sécession avec l’Etat fédéral. Le mouvement rassemble très large, des militants pro-NRA aux libéraux et libertariens opposés à la réforme de santé. Le leitmotiv est simple “s’opposer au socialisme de l’Etat fédéral”. Devant une telle mobilisation le gouverneur républicain du Texas Rick Perry apporte son soutien aux indépendantistes à 6 mois des élections, 1 million de voix sont en jeu:
La récession et la présidence démocrate d’Obama sont avant tout le moteur de ce mouvement, ce dernier symbolise plus le malaise d’une partie des américains qu’une véritable volonté sécessionniste. Certes les nationalistes texans ont toujours existés, la relation entre le plus vaste état américain et Washington a toujours été particulière, mais nombreux sont les signataires de la pétition pour la sécession à avoir acclamés Bush ou McCain lors de discours patriotiques.“Il est temps de poser les limites, et de dire à Washington que les texans n’accepteront plus leur diktat. A un moment donné il faut se lever et dire trop, c’est trop.”
Mais la réalité a de quoi inquiéter Washington, le Texas nationalist movement a triplé ses adhésions en un an, atteignant 250 000 adhérents. Larry kilgore, candidat au poste de gouverneur et partisan de la sécession est crédité de 15 à 20 % des voix dans les sondages. Son discours “antisocialiste” séduit les baptistes, les patrouilleurs volontaires… (à la frontière mexicaine) et ses soutiens s’étendent bien au delà du cliché du texan blanc.
Le mouvement sécessionniste prend indubitablement de l’ampleur avec la crise économique. A l’heure de l’affirmation d’un monde multipolaire, les Etats-Unis voient leur influence diminuer, certains prédisent un déclin inévitable au profits de géants émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. La sécession du Texas, ou d’autres états, marqueraient le déclin symbolique des Etats-Unis. Mais tout cela reste encore très lointain et l’ampleur récente prise par ce mouvement est avant tout le symbole de la résurgence d’une Amérique conservatrice alors que le pays est en pleine Obamania. En temps de récession et de baisse de popularité pour les démocrates et leur président, les républicains ont l’occasion d’affirmer leur identité idéologique qui avait tendance à être oubliée. En l’absence de leaders et de projet de bataille, l’Amérique conservatrice s’organise de manière spontanée et localisée, l’impact n’en est que plus fort. L’action politique citoyenne et “spontanée” est privilégiée sur l’action partisane par les médias et devient de ce fait beaucoup plus dangereuses pour Obama (rappelons nous “Joe le plombier” lors de la campagne présidentielle). Néanmoins la réorganisation et la relance du Parti Républicain restent indispensables aux conservateurs pour retrouver du poids au Congrès et pourquoi pas à la Maison Blanche, mais le chemin à parcourir est encore long…
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