Marianne 2 publie coup sur coup deux articles qui ne sont pas sans relations.
Le premier nous révèle que Marianne 2 commence à connaître le fonctionnement de l'Eglise catholique, et que si la prochaine loi de libéralisation de l'avortement est adoptée, tous les signataires, y compris le roi, seront excommuniés. L'article souligne que l'Espagne imbroglio politico-confessionnel qui s'annonce difficile à résoudre, chacun des membre du gouvernement jurant sur les Evangiles la fidélité à la nation espagnole.
Dans un autre article, Marianne 2 remet au goût du jour les théories du sociologue Jeremy Rifkin pour expliquer la politique socialiste du gouvernement Zapatero. Pour lutter contre les 18,5% de chômage, ce dernier a décidé de réduire le temps de travail, s'inspirant ainsi des 35 heures de Martine Aubry. Bien sûr, l'article ne manque pas de rejeter sur le patronat la responsabilité de l'échec de cette politique, et non sur son inanité inhérente. En effet, les théories de Jeremy Rifkin repose sur l'approfondissement d'une observation faite au siècle dernier : la mécanisation, comme vecteur de suppression des emplois par le remplacement des manœuvriers. Pour lui, l'informatisation croissante des sociétés modernes provoque des pertes d'emplois colossal, car l'informatique peut traiter les tâches plus rapidement, à moindre coût, et plus longtemps. Plusieurs postes peuvent ainsi être remplacé par un ordinateur. Cette analyse fait trop rapidement l'économie des critiques du bouquin de Rifkin. En 2001, au moment où sortait "La fin du travail", Rifkin fut critiqué pour ne pas avoir compris qu'un société qui se mécanise ou se dématérialise par l'informatisation supprime certes des emplois, mais pour en créer d'autres. La fonction d'ingénieurs informaticiens étaient alors en pleine expansion. Si de nombreux postes furent perdus dans les industries, ils furent compensés par la hausse des embauches dans les métiers liés à l'informatique, au nom d'un principe simple : qui veut voyager loin ménage sa monture. Les services ont connus un essor extrêmement important, car ils devenaient alors un relai essentiel de la croissance mondiale, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Rifkin fut oublié, ou presque. En 2001, les USA étaient le pays le plus informatisé ; c'était aussi le taux d'emploi le plus élevé. Jamais on avait autant travaillé aux Etats Unis. En 2009, malgré la crise, l'analyse est toujours valable quant à la peur du progrès technique. Les 35 heures ne peuvent que baisser les salaires, détruire un peu plus la compétitivité des entreprises espagnoles par l'augmentation des salariés, et ouvrir ainsi un peu plus le marché espagnol aux firmes étrangères...
Quel lien entre ces deux articles ? Je me dis que les socialistes sont encore convaincus de pouvoir réaliser "les lendemains qui chantent", le bonheur terrestre, la joie pour tous, la société de loisirs porté à son niveau le plus ridicule. L'avortement libéralisé, les 35 heures,travailler moins longtemps pour faire travailler plus de monde, jouir de son temps libre, etc... Nulle remise en cause du système, nulle remise en cause de la mondialisation, nulle remise en cause des effets induits par les sacrifices constants à l'Union Européenne ou aux petits producteurs africains... L'Espagne n'a pas fini de s'enfoncer...
Didyme
Le problème de la mécanisation et de l'informatisation est qu'elles suppriment des postes peu qualifiés et crée des emplois d'ingénieurs.
Que deviennent ensuite ceux qui n'ont pas les moyens intellectuels de faire plus que ces petits boulots que les machines font à leur place ?
Rédigé par : Arnaud | 07 décembre 2009 à 09h10