Réveil douloureux. Retour à la réalité. Les qualificatifs ne manqueront probablement pas pour ceux qui – il y a tout juste un an – célébraient l’investiture de leur héros, de leur messie. Obama le grand. Obama le fantastique. Et surtout Obama le métisse. Il devait changer une Amérique jugée archaïque. Et presque révolutionner le monde. De son côté, l’Europe y voyait enfin le moyen de se venger des humiliantes années Bush. L’Amérique allait rentrer dans le rang. Fini le président conservateur, religieux et blanc. Vive le « progressiste », libéral et multiculturel. Il y avait bien ça et là quelques voix pour mettre en garde contre son manque d’expérience, pour souligner que sa victoire reposait plus sur sa couleur de peau que sur son programme politique, ou encore pour rappeler que l’Amérique aurait pu se tourner vers des candidats plus solides, McCain ou Clinton. Mais la censure était là, frappant tous ceux qui osaient émettre le moindre doute.
Laissez faire le temps, avais-je alors répondu, ne pensant néanmoins pas qu’un an suffirait. Et comme cadeau d’anniversaire pour son arrivée à la Maison Blanche, les Américains se sont simplement offerts la victoire d’un républicain pour le siège de sénateur du Massachussetts, un état détenu par les démocrates depuis plus de 50 ans. Accident ou répétition générale des élections de mi-mandat en novembre 2010 ?
Toujours est-il que le bilan d’Obama n’est pas mauvais, il est désastreux. Non seulement il a mécontenté ses adversaires (ce qui en politique n’est guère surprenant) mais surtout il s’est aliéné une large partie de ses partisans. Il s’est ainsi rué vers des mesures de relance coûteuses – mais probablement nécessaires – laissant l’Amérique avec un déficit de 1 400 milliards de dollars en 2009 et alimentant les critiques des conservateurs fiscaux (républicains mais aussi démocrates). Le chômage n’a cessé de grimper durant la première année de son mandat pour dépasser la barre des 10 %, un niveau certes bien faible comparé aux années 1930 (25 % en 1933), mais contribuant au scepticisme des électeurs quand à l’efficacité de sa politique économique. Sa réforme du système bancaire est à l’arrêt, et les vrais causes de la crise ne sont pas réglées (bulle de l’endettement, politique monétaire hasardeuse, dilution de la responsabilité des acteurs financiers, etc.). Sa réforme de la santé bat de l’aile et plus personne ne la souhaite réellement. Son empressement libéral sur les questions sociétales mécontente une large partie du corps électoral. Enfin le dossier de Guantanamo pourrait prêter à sourire s’il n’était pas aussi grave. Obama le magnanime avait promis de fermer cette prison. Mais que faire des prisonniers, inscrits tout de même pour certains comme potentiels terroristes ? La méthode Obama dans toute sa splendeur. On promet, on réfléchit ensuite.
Sur le front extérieur, il est accusé d’avoir fait échouer le sommet de Copenhague et de tailler dans ses ambitions en matière écologique. En vérité, il est rappelé à la réalité par le Congrès qui ne souhaite pas affaiblir un peu plus l’économie américaine pour des objectifs environnementaux discutables. Il doit aussi affronter les difficultés liées à l’Irak et à l’Afghanistan, et ici encore le principe de réalisme a fini par prévaloir. Son engagement initial de retirer toutes les troupes d’Irak en 16 mois s’est transformé en retrait de 18 mois avec le maintien d’environ 50 000 hommes durant cette période. En Afghanistan, le doublement en cours des effectifs militaires n’a pour le moment pas permis de freiner la hausse de la violence et des attaques talibanes. Enfin, son prestige se sera durement heurté aux réalités des dossiers israélo-palestinien ou iranien. Mais la cerise sur le gâteau reste sans doute à attribuer à « l’intelligentsia » mondiale, venue lui compliquer la tâche en lui attribuant le prix Nobel de la paix. Un prix pour ce qu’il est. Et non ce qu’il fait ! Un parfait résumé de « l’Obamania ».
L’étoile a donc pâlit. Le taux de popularité d’Obama est tombé à 46 % en janvier (sondage CBS News). Mais rien n’est gagné pour ses adversaires.
D’abord 2010 signera très probablement un franc rebond pour l’économie américaine avec l’inversion de la courbe du chômage. L’Administration en place pourrait largement en profiter et s’attribuer le mérite de ces résultats.
Ensuite, les élections de mi-mandat restent indécises. Si les démocrates sont mal en point, les républicains ne sont pas non plus dans une forme olympique et souffrent d’un cruel manque de leadership. Le vote contestataire suffira-t-il au changement de majorité ? A la Chambre des Représentants, totalement renouvelée, tout est possible. Au Sénat, dont seulement un tiers des sièges est en jeu, les démocrates et assimilés partent déjà avec un capital de 40 sièges (contre 23 pour les républicains). L’inversion de majorité en une seule élection semble donc difficile.
Enfin, si Obama a mis dix mois pour passer sous la barre des 50 % de cote de confiance depuis son élection (contre trente-sept pour Bush), Clinton en avait mis seulement quatre, avant finalement d’être triomphalement réélu en 1996.
Néanmoins l’Amérique n’est pas l’Europe. Il est temps que ceux qui refusent cette réalité se réveillent. L’Amérique est fière de son identité et de son histoire. Elle est économiquement libérale mais moralement assez conservatrice. L’assistanat, le « progressisme » débridé, la repentance et l’effacement national ne sont pas des valeurs qui sauraient lui convenir. Obama a crû pouvoir s’inspirer du modèle européen pour redessiner l’Amérique. Il vient probablement de réaliser qu’il avait fait fausse route. Reste à savoir si les électeurs le lui feront lourdement payer ?
TRIBORD
rappellez vous les propos de vladimir Poutine!il avait raison!
Rédigé par : sprava | 24 janvier 2010 à 16h24
Poutine parle d'obama :<
Rédigé par : sprava | 24 janvier 2010 à 17h51