Le
cardinal Schönborn, dominicain, a été ordonné prêtre en 1970. Avant
d'être nommé archevêque de Vienne en 1995, il était professeur de
théologie dogmatique à Fribourg, en Suisse. Il a été créé cardinal en
1998. Il a donne une conférence qui portait sur : « Christianisme :
présence étrangère ou fondement de l'Occident ? ».
Une alternative fascinante
Le cardinal Schönborn a d'abord évoqué les trois points cardinaux qui, selon lui, constituent l'essentiel
de l'héritage chrétien en occident : un sens de l'intégrité morale, que l'on reconnaît généralement aux chrétiens non seulement pour ce qu'ils font, mais aussi pour ce
qu'ils ne font pas ; le concept d'humanité sous la forme d'une famille unie et universelle ; l'idée que la liberté est ce qui rend l'homme plus semblable à Dieu et
constitue la plus grande richesse de l'homme.
Le cardinal a ensuite soulevé la question : « Est-il
vrai que l'homme moderne à conquis sa liberté en luttant âprement
contre l'Eglise ? Est-il vrai que c'est l'illuminisme et non le
christianisme qui a apporté la liberté et la dignité à l'homme? », comme le veut, selon
lui, la grande hypothèse de l'histoire moderne...
Au ciel et sur la terre
Faisant allusion à saint Augustin, le cardinal Schönborn a ensuite expliqué que « c'est
sur sa double citoyenneté que réside, sans équivoque, la force même du
christianisme, qui invite, sur terre comme au ciel, à une participation
loyale dans la société, à assumer la responsabilité de la cité de
l'homme, sans vouloir la renverser et créer une sorte de société
utopiste. Cet engagement dans le monde temporel se fonde sur le fait
d'avoir une citoyenneté indestructible dans la cité de Dieu ».
La conviction chrétienne d'être un citoyen tant sur terre qu'au ciel est ce qui rend le christianisme
odieux aux yeux des systèmes totalitaires, en particulier ceux du XXème siècle. « Le christianisme est libre », a-t-il affirmé. « Libre
par rapport à l'Etat, car il n'est jamais seulement citoyen de l'Etat.
Cette liberté du chrétien a trouvé sa pleine expression durant la
période du fascisme, du communisme et du nazisme, au siècle dernier, où
le témoignage chrétien authentique a fait des millions et millions de
martyrs ».
Selon le cardinal Schönborn, c'est ce principe même de liberté que le christianisme est capable d'offrir à
l'Europe d'aujourd'hui. « Etre
libre, détaché, des prétentions de la majorité, du politiquement
correct, ou tout simplement des pressions de la dernière mode. La
liberté chrétienne », a-t-il commenté.
Une liberté radicale
A
propos de cette force qui caractérise la liberté chrétienne, le
cardinal Schönborn a cité en exemple les grands mouvements spirituels
qui sont devenus des mouvements culturels dans l'histoire occidentale,
comme par exemple « la réforme monastique de Cluny qui fête cette année
ses 1.100 ans », a-t-il rappelé. « En
l'espace de 200 ans, cette réforme monastique a porté le nombre de
monastères en Europe à plus de 4.000. Un formidable réseau dans toute
l'Europe, avec d'énormes potentiels économiques, sociaux, artistiques
et spirituels »...
« Dès
ses débuts, le christianisme a permis aux personnes de faire un pas
en-dehors de l'ordre temporel et politique. L'idée que l'homme doit
obéir à Dieu avant même d'obéir à l'homme, a énormément contribué à la
liberté dans la société ».
Le
cardinal a ensuite affirmé que la liberté de pouvoir suivre le Christ
de manière radicale a libéré, au fil des siècles, d'énormes énergies,
des énergies nouvelles, dans tout le monde occidental, représentant
« une des sources permanentes de la vitalité européenne »...« Pourquoi l'histoire ne devrait-elle pas se répéter? », a-t-il demandé...
Appel à se purifier
Le cardinal Schönborn n'a pas manqué de souligner que le rapport moderne entre sécularisme et christianisme
se présente, pour le christianisme même, comme un processus nécessaire de purification et maturation : « Il
est bon pour le christianisme d'écouter les questions de la société et
d'accueillir le défi à y répondre. Cela permet de réveiller les
chrétiens, de les stimuler. Ça permet de reconfirmer la crédibilité du
christianisme. Et le christianisme a besoin d'être reconfirmé. »... « Il est bon pour nous de devoir rendre des comptes »...« Parce qu'au fond,
l'occident laïc désire un christianisme authentique et espère en un christianisme crédible dans sa vie ».
Le
cardinal Schönborn a conclu son intervention par un appel à la foi.
« La liberté chrétienne est une source intarissable. ‘Voilà, je suis
avec vous jusqu'à la fin du monde'. Ces paroles de Jésus Christ sont la
plus puissante ressource du christianisme ! », s'est-il exclamé. Thomas
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