La désillusion obamaniaque est de plus en plus flagrante. Écorné par l'opposition républicaine sur l'obamacare, attaqué par l'Eglise et les forces conservatrices du pays, le président Obama va d'échecs en échecs. La visite du vice-président Joe Biden en Israël n'a pas pu empêcher, le même jour, l'annonce de l'installation d'une colonie à Jérusalem-est pour préserver les Juifs ultra-orthodoxes qui y vivent. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou mène depuis son élection une opposition larvée à la politique d'Obama, qui exige l'arrêt de la colonisation, et le démantèlement d'une partie des colonies. Joe Biden venait réaffirmer le soutien des USA contre les menaces iraniennes, tout en rejetant l'action violente voulue par Israël. Or, dans le même temps, l'Iran se rapproche de la Syrie, que Obama croyait pourtant en phase de réconciliation avec Israël. Quelle crédibilité peut encore conserver l'administration américaine ? Parallèlement, il ne peut donner des gages de sécurité suffisamment forts face aux menaces nucléaires brandies par l'Iran.
La Russie de Medvedev et de Poutine a bien saisi l'affaiblissement du gouvernement américain, elle qui ralentit les discussions sur le projet de désarmement START, au prétexte que, dans trois ans, le président Obama pourrait bien "ne plus être là". L'administration russe l'avait bien compris avec la crise géorgienne, qui vit le camp occidental lâcher son allié. Reparti sans aucun contrat de Chine, Obama file un parfait désamour avec le géant asiatique, concrétisé par la hausse des tarifs à l'importation sur les pneus chinois. L'affaire des ventes de missiles à Taïwan n'a pas arrangé les choses. Prenant acte de l'hostilité américaine bien peu diplomatique, l'Asie cherche à se défaire de l'emprise américaine, sous la pression conjuguée de la Chine et du Japon. Car l'on oublie rapidement que les dernières élections japonaises ont vu le triomphe de l'opposition, qui a d'emblée marquée la rupture en se tournant résolument vers la Chine et l'Asie du Sud-Est. Lors du dernier sommet de l'ASEAN, le Japon proposa la création d'une communauté économique d'Asie Centrale.
Le président Obama préfère se tourner vers la Chine, sans aucun retour, en méprisant l'Union Européenne, qui pourrait être son allié privilégié. N'a-t-il pas annoncé qu'il n'assisterait pas au sommet bilatéral entre les Etats-Unis et l'Union Européenne, en mai prochain, à Madrid ? Concerné au premier chef, il se détourne des Européens déçus, qui n'ont plus qu'à faire bande à part.
La popularité du président américain a chuté, marquée par la victoire dans le Massachusetts du parti républicain, après la mort du député Kennedy. Avec un système de santé évalué à 2500 milliards de coûts annuels si l'obamacare passe, avec l'augmentation du nombre des retraités, avec les sauvetages économiques comme ceux de General Motors ou Ford, le gouvernement américain risque de connaître de nombreuses nuits blanches. La réforme de la santé pourrait bien lui rendre l'initiative politique. Mais rien n'est moins sûr. Les fidèles alliés de l'Amérique commencent déjà à s'en détacher. Le président français Nicolas Sarkozy en est le plus symbolique. Non seulement il ne fut pas le premier chef d'État étranger reçu à la Maison Blanche, mais en plus le président américain signa une lettre à Jacques Chirac, où il se dit certain qu'ils pourront collaborer «dans un esprit de paix et d'amitié afin de construire un monde plus sûr». Amateurisme ou mépris affiché ? A l'époque, on pouvait penser au mépris. C'est désormais l'amateurisme qui prévaut. Revenant sur ses premières amours, Nicolas Sarkozy souligne la responsabilité des USA dans la crise mondiale, et l'importance d'une reprise en main de l'économie par l'Union Européenne. Les divergences de vue sur l'Iran ou le Proche Orient, l'échec du sommet de Copenhague, le mépris de l'Union Européenne installent désormais une certaine distance entre les deux diplomaties.
"Mais à mi-voix, les ex-fervents partisans d'Obama commencent à parler d'un problème de fond et à s'interroger sur le ressort profond de la personnalité politique du président, cet homme qui, à l'intérieur comme en politique étrangère, semble toujours plus pressé de convaincre ses adversaires - (républicains, iraniens ou chinois) que de satisfaire ses propres alliés (démocrates ou européens)."
Balloté à l'intérieur par le retour des conservateurs, discrédité à l'extérieur par l'inefficacité de son action diplomatique, Barack Obama est la grande désillusion de la gauche européenne et des médias, incapables de voir que le grand idéologue et le grand communicant cachent un piètre politicien.
Didyme
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