Valeurs Actuelles a publié sous la plume de Chantal Delsol un article intéressant à propos du dernier livre d'Élisabeth Badinter contre l'allaitement :
À l’âge de l’écologie triomphante, n’importe quel geste doit chercher à retrouver la voie de la nature, à se désencombrer de l’artifice. Naturellement, la contradiction surgit vite entre le militantisme du naturel et la passion du confort individuel. L’écologiste peut bien se vêtir de feuilles de vigne, mais il n’ira sûrement pas jusqu’à se passer d’un médicament important ou de préservatifs brevetés. Il faudrait donc défendre le naturel avec acharnement,jusqu’au moment où il devient trop contraignant pour nos libertés. C’est la question posée ici avec l’allaitement, qui paraît une basique question d’équilibre.
Il est vrai que le cas précis qui fait l’objet du livre est inattendu: un groupe conservateur se saisit de l’écologie ambiante pour défendre sa philosophie des rôles, et agit si puissamment qu’il parvient à développer une pression politiquement correcte. Autrement dit, par l’alliance (pas si étonnante que ça) du conservatisme et de l’écologie, c’est cette fois un groupe de droite qui fait peser une opinion contraignante, en brandissant la mauvaise conscience.Nous avons de cela une habitude tous azimuts.Mais que cela vienne des néoconservateurs, c’est probablement insupportable.
Enfin, arrêtons avec la victimisation des femmes. Elles ont une conscience et une opinion comme tous les autres. Elles peuvent choisir de ne pas obtempérer aux intimidations. Elles ne sont pas l’objet d’un complot organisé par les hommes (qui applaudiraient aux progrès de la Leche League, susceptibles de conforter leur pouvoir en rendant leur compagne prisonnière de l’enfant…). Elles subissent des contradictions intimes à l’égal de tous les humains: ici, la contradiction entre la femme et la mère; et elles aussi naviguent entre ces contradictions autant que faire se peut. Chaque humain tient en soi plusieurs personnages qui se heurtent. Le problème spécifique des femmes, c’est qu’elles sont à la fois capables de réussir professionnellement et seules à pouvoir porter les enfants.Les siècles passés avaient réglé le problème en leur interdisant les études. Aujourd’hui, elles se retrouvent face à ce conflit nouveau, qui indique une grande richesse de possibilités en même temps qu’une complication.Qu’on ne fasse pas d’elles les enièmes martyrs d’une époque qui transforme les victimes en héros! Qu’on en finisse avec l’éternelle lutte des classes qui comprend toujours la société comme une guerre entre deux clans, à réinventer constamment depuis qu’il n’existe plus de prolétaires. Les femmes n’ont pas besoin d’être décrites comme des boucs émissaires. Elles n’ont pas vocation à jouer le rôle du pauvre indigène, pour que l’histoire de l’oppression continue.
Didyme
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.