Pour comprendre pourquoi Christine Lagarde s'est récemment opposé au modèle économique allemand, on se reporta à l'article écrit par Laurent Pinsolle :
Au début des années 90, les coûts salariaux de l’Allemagne étaient 25% plus élevés que le reste de l’Union Européenne. L’arrivée de la monnaie unique fixant irrévocablement les parités monétaires au sein de la zone, Gerhard Schröder a compris que son pays risquait de grandement souffrir de ce différentiel de coûts.(...)
Mécaniquement, les exportateurs Allemands ont fortement gagné en compétitivité au sein de la zone euro, ce qui a permis à l’Allemagne de considérablement augmenté son excédent commercial dans la zone car les autres pays ne peuvent plus dévaluer pour remettre les compteurs à zéro. Cette politique a une autre conséquence, une stagnation des salaires qui déprime la demande et la croissance (l’Allemagne a eu la plus faible croissance de la zone euro après l’Italie) et donc ses importations puisque la demande intérieure est atone, ce qui renforce plus encore l’excédent commercial.(...)
C’est que l’euro a mis en place un cercle vicieux où celui dont les coûts salariaux évoluent le moins vite limite ses importations tout en dynamisant ses exportations au sein de la zone, du fait de la croissance plus vive de ses voisins qui ne compriment pas autant leur demande intérieure. En clair, il y a une immense prime à la compression du pouvoir d’achat et au moins-disant social du fait de la rigidité de la monnaie unique. Celui qui limite le plus les gains de pouvoir d’achat profite de ceux de ses voisins et empoche des excédents commerciaux grandissant, comme le montre l’Allemagne aujourd’hui.
C’est cela qui a fait dire à Christine Lagarde qu’elle n’est « pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme pour l’ensemble du groupe ». Notre ministre de l’économie a bien raison car si chaque pays suit ce raisonnement, les pays européens vont faire une course à la désinflation salariale qui aura un puissant effet dépressif sur les économies européennes. Loin de promouvoir la croissance, l’euro promeut une déflation sans fin et une compétition féroce sur les coûts qui a été et sera un frein majeur sur la croissance du continent pour les prochaines années.
Christine Lagarde a raison de dire que le modèle Allemand n’est pas viable pour la zone euro mais elle oublie de dire que l’euro est la cause première de ce comportement. Le ver est dans le fruit : c’est l’euro qui pousse à des comportements non coopératifs et prédateurs.
Didyme
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