L'Église se défend, contrairement à ce qu'annonçait le Nouvel Obs. La campagne de communication a commencé. Des synthèses apparaissent ici ou là sur Internet pour défendre le pape et l'Église, véritable objectif de ces attaques. Maintenant, ce sont les institutions ecclésiales qui commencent à réagir :
Mais la pièce maîtresse de la contre-offensive est venue d'une interview, publiée samedi matin, dans le quotidien catholique Avvenire et diffusée par la salle de presse du Saint-Siège. Celui qui instruit tous les dossiers de prêtres pédophiles à Rome, Mgr Charles J. Scicluna, «promoteur de justice» de la Congrégation pour la doctrine de la foi, explique comme jamais cela avait été fait, comment ces dossiers sont traités.
Nouvelle procédure
S'il reconnaît «l'indulgence» des évêques dans la gestion «pratique» de ces affaires de prêtres pédophiles, il affirme que la fameuse lettre du 18 mai 2001, envoyée à tous les évêques du monde et signée par le cardinal Joseph Ratzinger, n'a pas eu pour objet, comme cela lui est reproché, de détourner ce type d'affaires de la justice civile. Elle rappelait «le secret de l'instruction» pour préserver les victimes mais aussi les prêtres accusés (en raison de la «présomption d'innocence») car «l'Église n'aime pas la justice spectacle». Il explique surtout qu'un débat interne, sur l'interprétation du droit canonique qui condamne pourtant fermement depuis 1962 la pédophilie de prêtres, a subsisté quant à la procédure à suivre. Jusqu'à cette lettre de 2001 où la Congrégation pour la Doctrine de la foi, devenue alors exclusivement compétente pour ce genre d'affaires (non par rapport à la justice civile mais par rapport à d'autres tribunaux possibles dans l'Église), a pu gérer ce genre de dossiers.
D'où, «entre 2003 et 2004», une «avalanche de cas» provoquée par la mise en place de cette nouvelle procédure. Pour la décennie 2000-2010, il avance le chiffre de «3 000 accusations» concernant les dernières cinquante années. Dont seulement 10 % de cas de pédophilies, soit «300 cas». La grande majorité, 60 %, étant des actes d'«éphébophilie», c'est-à-dire une attraction physique pour des adolescents de même sexe. 80 % de ces 3 000 dossiers étaient arrivés des États-Unis. Il estime aujourd'hui que Rome traite annuellement 250 cas de prêtres pédophiles sur 400 000 prêtres dans le monde, dont un quart vient toujours des États-Unis. Et précise que nombre de pays «ne signalent qu'un ou deux cas» par an.
Quant à l'attitude controversée des évêques pour signaler ou non ces problèmes à la justice civile, Mgr Scicluna explique qu'elle dépend, en fait, de la juridiction des pays. Dans les pays de culture juridique anglo-saxonne, mais aussi en France, les évêques sont «obligés à recourir à l'autorité judiciaire». Mais quand la législation ne le permet pas, Rome encourage les évêques «à inviter les victimes à dénoncer leurs bourreaux».
Il ne faut désormais espérer que le public saura distinguer le vrai du faux dans ce qu'on lui serine quotidiennement. Déjà, en Allemagne et aux Pays-Bas, des catholiques subvertis commencent à demander le mariage des prêtres, sous couvert d'exigence de vérité sur ces affaires pédophiles. Certains médias osent désormais dire les choses :
Il convient de rappeler d’abord plusieurs chiffres : la majorité des crimes pédophiles ont pour auteurs des membres de la famille de l’enfant (inceste) ou des proches. À titre d’exemple, selon un rapport publié en 2008 par le réseau irlandais de crise sur les viols (RCNI), 50,8% des agresseurs sont des parents, 34% des proches (voisins, amis), et 3,4% des figures d’autorité (prêtre, instituteur…).
Didyme
Les sépulcres blanchis principaux rabatteurs des pédophiles...
L’offensive médiatique contre l’Eglise a été massive la semaine passée. Les sépulcres blanchis ont ,sur toutes les ondes, dans tous les journaux, entonné le même couplet indigné, tirant prétexte des cas de pédophilie touchant quelques prêtres en Allemagne pour porter leurs attaques sur le célibat des prêtres, instruisant le procès de Benoît XVI, suggérant qu’un front important parmi les théologiens serait contre le célibat des prêtres. Il faut être totalement abruti par les médias pour croire une seule seconde que le souci de protéger les enfants victimes de pédophiles est au cœur de l’affaire. Évidemment, l’enjeu, le seul, l’unique c’est de faire plier encore et encore l’Eglise catholique, tenter de lui arracher une déclaration de repentance et ultimement lui faire renoncer, à l’heure de la masturbation, de la capote, de la bisexualité, de la jouissance obligatoire, à cette pratique totalement ringarde consistant à exiger des prêtres qu’ils soient célibataires et chastes.
Nos sociétés marchandes, dont la survie au début du XXe siècle a été assurée par la mutation du capitalisme de production en capitalisme de consommation ( consommation des biens d’équipements tout d’abord, puis, à la faveur de mai 68, consommation du désir, de la jouissance) ne peuvent fonctionner que par un abaissement continu de tous les interdits moraux de manière à faire de chaque pulsion une source de rendement. D’où la nécessité de la culture transgressive soixante-huitarde qui permit de faire passer pour des conquêtes du progrès et de la liberté ce qui constituait en fait le pré-requis culturel de la mise en place du turbo capitalisme et de l’économie du désir. Il faut être totalement coupé du réel comme seuls savent l’être les grandes figures morales de la bien-pensance pour croire que l’étendard de la liberté individuelle (la reconnaissance de l'égalité des droits de chacun quelque soit son mode de vie) ne soit pas autre chose que le cache sexe du turbo capitalisme financier, qui est le nerf du processus de déréalisation en cours, de la virtualisation de tous les rapports humains.(*)
Au nombre des piliers de la bien-pensance, nous avons naturellement tous les médias dominants, dont certainement aucun de ses prestigieux membres n’a jamais entendu parler d’Edward Bernays ( mais que Goebbels lui lisait assidument) qui a forgé les instruments indispensables de l’économie du désir. Neveu de Freud, il organisa la première opération publicitaire transgressive de choc. Le 31 maris 1929 il envoya une escouade de jeunes filles affriolantes défilée sur la 5e avenue, prévenant la presse qu’elles allaient allumer des « torches of freedom ». Une fois les journalistes ayant répondu massivement à l'appel, les jolies jeunes filles allumèrent leurs flambeaux de la liberté : leur cigarette. Dany Robert Dufour, dans « la cité perverse » explique « Tout l’esprit du nouveau capitalisme de la consommation est lisible dans cet acte inaugural de Bernays. On voit qu’il commence par une offre de libération faite au consommateur, présent comme répondant à une demande, éventuellement inconsciente. Mais, comme l’industriel qui propose son objet n’agit pas par philantropie, mais par intérêt, l’offre qu’il fait n’est vraiment intéressante pour lui que si elle est susceptible de mettre en branle une véritable dépendance. Pas étonnant, donc, que tout ait commencé par la cigarette, produit addictif par excellence. »(**)
Dans un contexte pareil, où le turbo capitalisme et les bien-pensants sont historiquement et philosophiquement organiquement liés, marchant main dans la main, le maintien des traditions catholiques est un verrou à faire sauter de toute urgence. Pour les intellos-bobos cela constituera une victoire de plus contre la bête immonde(***), congénitalement oppressive, et pour leurs macros ( ceux pour qui ils tapinent en somme, puisque ce qui leur sert de prêt-à penser n’a d’autre utilité que de servir de rabattage pour ceux qui assument ne penser qu’au pognon), un marché du désir en expansion, sévissant jusque dans les sacristies, un repère de continence et de maîtrise de plus démantelé, pour le plus grand profit de l’industrie du sexe( et de toute l'économie du désir), qui pourra fourrer son doigt dans la culotte de clients toujours plus jeunes.
N'en déplaisent à tous les catholiques partisans de l’ouverture au monde, qui rêvent d’une Eglise progressiste etc, toutes ces manœuvres médiatiques relèvent de la logique de la cité terrestre. Combattre le célibat des prêtres c’est tout simplement s’aligner sur la logique de l’économie du désir dont l'aboutissement est le règne de la pédophilie généralisée.
(*) sauf pour ceux qu’il prend par derrière très profond ( comme les Grecs actuellement, d’où l’expression bien connue, "va te faire voir chez les Grecs").
(**)préalablement Bernays avait consulté à Abraham Arden Brill, fondateur de la New York Psychoanalytic Society, qui lui avait expliqué que la cigarette étant un symbole phallique représentant le pouvoir sexuel masculin il fallait lier la cigarette à une forme de contestation de ce pouvoir, de sorte que les femmes en possession de leur "propre pénis" fumeraient.
(***) « Le libéralisme est, fondamentalement, une pensée double: apologie de l'économie de marché, d'un côté, de l'Etat de droit et de la "libération des mœurs" de l'autre. Mais, depuis George Orwell, la double pressée désigne aussi ce mode de fonctionnement psychologique singulier, fondé sur le mensonge à soi-même, qui permet à l'intellectuel totalitaire de soutenir simultanément deux thèses incompatibles. Un tel concept s'applique à merveille au régime mental de la nouvelle intelligentsia de gauche. Son ralliement au libéralisme politique et culturel la soumet, en effet, à un double bina affolant. Pour sauver l'illusion d'une fidélité aux luttes de l'ancienne gauche, elle doit forger un mythe délirant: l'idéologie naturelle de la société du spectacle serait le "néoconservatisme", soit un mélange d'austérité religieuse, de contrôle éducatif impitoyable, et de renforcement incessant des institutions patriarcales, racistes et militaires. Ce n'est qu'à cette condition que la nouvelle gauche peut continuer à vivre son appel à transgresser toutes les frontières morales et culturelles comme un combat "anticapitaliste". La double pensée offre la clé de cette étrange contradiction. Et donc aussi celle de la bonne conscience inoxydable de l'intellectuel de gauche moderne. »(Jean Claude Michéa, la double pensée)
Julien Gunzinger
Rédigé par : Julien Gunzinger | 16 mars 2010 à 09h36