Lu sur le site de la RATP :
"C'est bien un privilège parisien
que de pouvoir utiliser le plan du métro comme un aide-mémoire, un
déclencheur de souvenirs, miroir de poche où viennent se refléter et
s'affoler un instant les alouettes du passé".
La phrase est de Marc Augé. Et elle trouve sa place dans son adorable
livre intitulé "Un ethnologue dans le métro" ou l'étude de la relation
aux autres dans ce non-lieu où se croisent des itinéraires individuels.
Et je pense :
- Place d'Italie : ma crèche, mon école primaire puis élémentaire... puis, les premières années collège... mon enfance !
- Vaugirard : là où j'ai obtenu mon code de la route dès le premier
passage et avec une seule faute ! Rare que je réussisse aussi bien un
examen...
- Saint-Fargeau : j'y descendais pour rendre visite à mon ami, mon
poteau, devenu mon ange-gardien depuis qu'il a quitté ce monde... Il y
vivait avec ses parents quand on était au lycée... Souvenirs mitigés,
mélange de fêtes et d'une immense tristesse ; ses parents y vivent
toujours...
(...) "Mais une telle convocation n'est pas toujours si délibéré (...)
: il suffit parfois du hasard d'un itinéraire (d'un nom, d'une
sensation) pour que le voyageur distrait découvre soudain que sa
géologie intérieure et la géographie souterraine de la capitale se
rencontrent en certains points - découverte fulgurante d'une
coïncidence propre à déclencher dans les couches sédimentaires de sa
mémoire de petits séismes intimes".
Et je pense :
- Louis Blanc : l'un des souvenirs les plus désagréables de ma vie, celui d'un procès aux Prud'hommes...
- Chemin Vert : mon premier travail dans un journal. J'y passe toujours
avec émotion en pensant au premier qui m'a fait confiance... Il
travaille toujours dans le journal en question, j'ai tracé ma route
ailleurs...
- Sèvres-Lecourbe : l'appartement de ma grand-mère qui à 96 ans vit
seule... Quand je vais la voir, j'ai toujours le très désagréable
sentiment que c'est la dernière fois que je descend à cette station...
pour elle....
(...) "A toute station s'attache aussi une pluralité de souvenirs
irréductibles les uns aux autres, souvenirs de ces rares instants,
disait Stendhal, "pour lesquels il vaut la peine de vivre"".
Et je pense :
- Vavin : quand j'étais gosse, j'allais avec ma meilleure amie acheter
des perles dans un magasin spécialisé, perles avec lesquelles on se
fabriquait les bijoux les plus fantaisistes possibles. On passait après
à Marie papier acheter de la papeterie de toutes les couleurs qui nous
servait par la suite à nous envoyer des lettres de "meilleure amie" à
la vie à la mort...
- Saint-Paul : le lycée où j'ai passé mon bac... juste la joie d'en
avoir fini après avoir failli le rater... j'y pense encore plus en ce
moment me félicitant chaque année de ne pas avoir à repasser cet
examen... et de pouvoir regarder Roland Garros sans culpabiliser...
- Mouton-Duvernet : la station de mon premier amour... j'allais le
retrouver dans son studio, toujours émue par ce trajet du métro à la
porte de chez lui... hâtant le pas vers cette découverte à chaque fois
renouvelée de soi et de l'autre...
(...) "Les voies du métro comme celles du Seigneur sont impénétrables :
on ne cesse de les parcourir mais toute cette agitation ne prend sens
qu'à terme, dans la sagesse provisoirement désabusée d'un regard
rétrospectif".
Et je pense...
André
Ouais, joli texte...
dis-moi, André, tu es un vrai Parisien, n'est-ce pas ?
Imagine que l'un de nos lecteurs ne soit pas de Paris ! ça fait tout drôle ! "Sèvres Lecourbe", encore un nom à la c.. qu'ils ont choisi pour honorer je ne sais quel plouc de la 3e république..."Gaîté", c'est les gays ??? Louis Blanc, Louise Michel, Robespierre, Auguste Blanqui, Kleber, Ledru-Rollin,Jean Jaurès, on le saura...Paris est de gauche...Voilà tout ce que ça m'évoque, à moi, pauvre banlieusard...
Rédigé par : Didyme | 08 mars 2010 à 00h06