Les 4 pages dans le dernier n° de Famille Chrétienne donnant exclusivement la parole à l'UMP sont quelque peu surprenantes, voire indécentes.
Au regard de ce qu'enseigne l'Eglise, notamment au travers de la "Note doctrinale à propos de questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique", les catholiques sont en droit d'attendre autre chose d'un média catholique !
Voila quelques éclairages utiles dont on aimerait que ce soit l'Eglise de France et les médias catholiques qui le mettent en exergue au moment où le vote des catholiques est sollicité.
« La conscience chrétienne bien formée ne permet à personne d'encourager par son vote la mise en œuvre d'un programme politique ou d'une loi dans lesquels le contenu fondamental de la foi et de la morale serait évincé par la présentation de propositions différentes de ce contenu ou opposées à lui. » Et parmi « les principes moraux qui n'admettent ni dérogation, ni exception, ni aucun compromis », c'est-à-dire là où se joue « l'essence de l'ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne », le cardinal citait notamment l'avortement, l'euthanasie, la famille fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexes différents, la liberté d'éducation des enfants comme droit inaliénable des parents. Des principes non négociables.
En 2006, devenu Benoît XVI et revenant sur la dignité de la personne humaine au cœur des interventions de l'Église catholique dans le débat public, le pape évoquait à nouveau 3 principes sur lesquels l'électeur catholique ne devait jamais transiger : la protection de la vie à toutes ses étapes (du premier moment de sa conception à sa mort naturelle), la famille (comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage) et la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants. Il prenait soin de préciser qu'il ne s'agissait pas de vérités de foi mais de principes inscrits dans la nature humaine, communs à toute l'humanité.
En 2002 Jean-Paul II stigmatisait un état d'esprit hostile au christianisme, au sein même des institutions : « Depuis plusieurs mois, nous assistons à une intensification des attaque anti-religieuses, diffusant une image caricaturale de la spiritualité et une conception militante et exclusive de la laïcité (...) On ne peut pas oublier que c'est la négation de Dieu et de ses commandements qui ont créé au siècle passé la tyrannie des idoles exprimée dans la glorification d'une race, d'une classe, d'un parti, de l'État ou de la nation. »
Et là où ne seront proposées que des candidatures impossibles, on se souviendra du mot que le cardinal Barbarin confiait à propos des dernières élections présidentielles : « Je peux poser l'acte politique de ne pas voter ou de voter blanc », dès lors que ce choix n'est motivé ni par la négligence ni par le désintérêt. « Les catholiques ne peuvent pas se désengager de l'action politique, même si les circonstances rendent cet engagement périlleux du point de vue éthique. » (Cardinal Ratzinger)
Le Concile Vatican II et à sa suite le pape Jean-Paul II, notamment dans son encyclique Christifideles laïci, ont développé l'enseignement rappelant la nécessité de la mobilisation des catholiques en politique. Le devoir électoral en fait partie mais il n'en est qu'une dimension extrêmement limitée et éphémère. Et la réflexion attentive autour du suffrage qui conduit à marginaliser ce monde décadent n'a rien d'un désengagement. Cette attitude cohérente revêt au contraire un caractère prophétique : « Il est nécessaire que des chrétiens, convenablement formés et compétents, soient présents dans les diverses instances pour concourir (...) au bien commun. » (Jean-Paul II).
Famille, protection des enfants, respect de la vie, soutien aux futures mères, respect des catholiques et de leur foi, politique culturelle, Hell'Fest...autant de sujets sur lesquels il est normal et sain que les chrétiens s'interrogent et interrogent les candidats. Comment sinon voter en chrétien et en conscience ?
Thomas
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