par Denis Jaisson
Le 21 mai 2010, le Pape Benoit XVI a appelé les fidèles laïcs à « participer activement à la vie politique (…) Ils (les fidèles) doivent rechercher le consensus le plus large avec tous ceux qui ont à cœur la défense de la vie et de la liberté, de la vérité et de la famille, la solidarité et le bien public » [1]. Cet appel a résonné dans les oreilles des Français, après que Roselyne Bachelot, ministre de la santé ex-utero, eût déclaré le 4 mai que « l’accès des femmes à l’interruption volontaire de grossesse est, dans le domaine de la santé publique, l’une de mes priorités » [2]… Qui a le bien du public à naître à cœur, à l’heure où le Pape tourne les Catholiques de France vers tous les Français de bonne volonté ?
Nous remarquons, en faisant un tour d’horizon, que les Françaises musulmanes qui nient le droit d’avorter sont beaucoup plus nombreuses que les 367 porteuses de burqa recensées par le Ministère de l’Intérieur [3]. Nous avons plus en commun avec les Françaises musulmanes – voilées ou pas [4] – qu’avec Roselyne Bachelot ou avec Jean-François Copé qui fait légiférer contre la burqa [5] et relance le débat sur le mariage et l’adoption homosexuels [6]. Nous sommes plus proches d’elles que de la droite financière qui les diabolisent pour nous monter contre les Musulmans [7] et qui fait de l’avortement une priorité – une priorité financière comme nous allons voir. Après tout, l’intégration des Musulmans devenus citoyens français par naturalisation [8], parmi les Français de souche catholiques ou convertis à l’Islam, passe par la défense du « bien public » – du bien du public à naître…
De même que les Catholiques ne sont pas les seuls croyants qui nient le droit d’avorter, les croyants en général ne sont pas les seuls citoyens qui nient ce droit. Ainsi les « Socialistes pour la Vie » [9] marchèrent avec nous « pour la Vie » le 17 janvier dernier. Ils se réclament des anciens socialistes populistes comme Maurice Thorez : « Le contrôle des naissances n’assure pas un logement aux jeunes ménages ; il ne donne pas à la mère de famille les moyens d’élever convenablement ses enfants (…) le chemin de la libération de la femme (…) ne passe pas par les cliniques d’avortement » [10]. « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d’accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais ! » clama Jeannette Vermeersch [11]. Voilà qui étonnera les plus jeunes car on ne reconnaît dans ces propos conservateurs, ni l’extrême-gauche, ni la gauche libérale des « bobo » qui jouent au pauvre [12]. Cette gauche bannit des média dociles des deux bords de Seine la « lecture économique de l’avortement », tandis que des râles d’agonie montaient de la cour de miracles des « faiseuses d’anges ». Pourquoi la droite financière se soumit-elle à cette censure [13] ? A quoi bon faire cette « lecture économique », pour les croyants ? Notre opposition au droit d’avorter procède de la Volonté divine, après tout. Mais sous le prétexte que les opinions confessionnelles n’avaient pas voix au chapitre républicain, les champions de la laïcité ont marginalisé les citoyens qui niaient ce droit pour une raison spirituelle. Les media ont circonscrit notre opposition, en la discréditant avec force débats escamotés entre irréconciliables – le camp de la tolérance empathique contre celui de la raideur dogmatique, faire-valoir malgré lui. Alors prenons à leur jeu les loges – ces « laboratoires de la société » [14] – et les media (leurs media). Analysons, d’un point de vue laïc, l’évolution des mœurs en général ; voyons à qui celle-ci profite… [15]
Ambroise
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