Eugène Dabit, l'Hôtel du Nord, 1928
L'auteur populiste par excellence nous plonge dans la grisaille du Paris des années 20. L'hôtel du Nord, sur le Quai de Jemmapes n'est pas sorti tout droit de l'imagination de Dubit, puisque se sont ses parents qui en ont acquis la gestion, alors qu'Eugène était encore enfant. A leurs côtés, il a mis la main à la patte, a tenu les portes, monté les valises, soutiré des confidences et découvert d'étranges manière.Une série de tableaux présentant différents locataires, habitués du comptoir ou simples passants, nous permet de se glisser non sans un malin plaisir, dans cette espèce de fourmilière que peut-être un hôtel de la sorte : Les tafioles côtoient les prostituées, et au milieu de tout cela les couples se mêlent et se démêlent, sous les yeux des enfants. Les patrons, Emile et Louise Lecouvreur assistent impuissants à ces scènes, ne cherchant d'ailleurs pas à s'y noyer. Comme image de fond : le Canal Saint-Martin, paisible, noir, sauvage, dans lequel se regardent pêcheurs et éclusiers, promeneurs du dimanche.
Si le film éponyme s'inspire bien évidemment du roman, des lieux et des noms de personnages, il faut noter que le scénario n'en est pas tiré : il n'est nul part question de jeunes amoureux qui se suicident en cœur. Heureusement : ce monde est suffisamment gris.
André
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