Lu dans Le Parisien :
Si l’art contemporain est souvent objet de polémiques, ce pari-là est d’ores et déjà remporté dans le Val-d’Oise. A peine terminée, « Barbie Bulle », l’opération menée ce week-end sur le lac d’Enghien-les-Bains dans le cadre du Grand Pari(s) de l’art contemporain initié par le conseil général, fait déjà l’objet de critiques.
Durant dix-neuf heures, Angie Be, ancienne candidate de l’émission de téléréalité « Secret Story », a vécu la vie de Barbie sous l’œil des caméras, dans une bulle transparente installée sur le lac. Samedi après-midi, la blonde pulpeuse a fini par se faire tuer par son petit ami Ken (un acteur à la perruque blonde) jaloux de ses infidélités. Seulement quelques dizaines de badauds ont assisté à l’épilogue de cette prestation mise en scène par l’ancien reporter Gilles Ouaki.
« Il n’y avait pas foule, alors que Gilles Ouaki m’avait confié attendre entre 2 000 et 3 000 personnes » regrette Philippe Sueur, le maire et conseiller général (DVD) d’Enghien. Un constat partagé par Dominique Gillot, vice-présidente (PS) du conseil général en charge de la culture, présente samedi après-midi. « Je regrette que cela n’ait pas mobilisé le public, confie-t-elle. Le scénario n’était pas très lisible et compréhensible, les gens n’ont pas bien compris… »
D’autres élus sont beaucoup plus offensifs. « Est-ce bien le même conseil général qui finance cette opération et nous indique qu’il est en difficultés budgétaires et réclame d’avantage d’argent à l’Etat? s’indigne Philippe Métézeau, le conseiller général (UMP) d’Argenteuil. La créativité peut être respectable, mais qu’elle trouve les moyens d’assouvir ses fantasmes ailleurs que dans la poche des contribuables. On aimerait d’ailleurs savoir combien l’opération Barbie a coûté… »
« Au vu de l’appel d’offres, au moins 50 000 € », estime Philippe Sueur, qui a mis à disposition la logistique de la manifestation. Sans vouloir détailler le montage financier du Grand Pari(s) — d’un coût global de 150 000 € —, Didier Arnal, président PS du conseil général, assume. « La situation financière se dégrade tous les jours, mais c’est un choix politique de faire de l’art contemporain, martèle l’élu de Sarcelles. Ce n’est pas une opération gadget tombée du ciel, on travaille le message à la jeunesse. C’est un parti pris de dénoncer le cliché de la bimbo qui est la prison pour une femme ainsi que l’enjeu de société de la téléréalité. C’est un événement parmi d’autres. Quand on met 800000 € dans la bibliothèque de Royaumont, je ne sais pas si cela sert autant que cette opération sur l’art contemporain. »
Cet élu de Sarcelles est un grand malade.
Rédigé par : Pitch | 09 juin 2010 à 16h52