Tribune libre de Lola Lafon et Peggy Sastre, écrivains
Certains refrains ne s’usent jamais et s’entonnent à plusieurs d’une voix forte et assurée, bras dessus, bras dessous, comme un seul homme. Et depuis des mois, une chanson inaltérable répète encore et encore l’histoire d’un Tout (puissant), «au-dessus de ça», «grand artiste», un «bienfaiteur de l’humanité», assigné à résidence dans cette «prison» qu’est son chalet suisse de 1 800 m². Face à rien, quelques tristes gueuses à la recherche de leurs «trente deniers». Evidemment, tout ça n’a rien d’un conte, ce brouhaha incessant, ce bruit de fond, ce grésillement permanent renouvelé sans arrêt au gré des relais médiatiques. C’est une histoire «idiote», «sans importance», une accusation qui «n’a pas de sens», «absurde» et «infâme», à peine un «délit», cette affaire vieille de «trente-trois ans», «ridicule» !
Avec d’un côté, ceux qui, comme un seul homme s’insurgent, font signer des pétitions et se soulèvent, prennent la plume et l’audience à témoin : c’est intolérable, ça leur «soulève le cœur» qu’on puisse ainsi s’attaquer à un des leurs, déjà traqué, diminué, diffamé. De cocktail en interview, à la une de partout, comme un seul homme, la mine offusquée et le verbe vibrant, les voilà qui se font juges, parce que c’est ainsi, ils savent : cette «pure et simple opération de chantage» est «vraisemblablement» un mensonge…
Alors nous l’écoutons attentivement, cette caste des hommes entre eux, bien serrés, bien rangés, avec l’aplomb de leur rang, cette autoproclamée élite intellectuelle au verbe haut, abasourdie d’être mise en cause contre des pas grand-choses, bien dispensables. Une élite mâle qui s’arroge le droit du corps de quelques interchangeables et désobéissantes victimes qui ouvrent enfin la bouche. Lire la suite sur Libération.fr !
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