selon le portail du département de la Vendée :
Depuis plusieurs mois, une équipe de l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) fouille (...) inlassablement l’emplacement du futur espace culturel des Jacobins au cœur du Mans où ont été découverts les premiers restes en mars 2009.
Une vingtaine de corps avaient alors été exhumés. Depuis, les restes de près de 150 corps victimes des combats meurtriers de l’hiver 1793 ont déjà été authentifiés dans la moitié des neufs charniers mis à jour.
D’après les premières conclusions présentées récemment, certains individus possèdent encore boutons de chemises et de culottes, boucle de bottes ou de guêtres, canif, chapelet... Les sujets inhumés sont aussi bien des adultes (hommes et femmes), que quelques adolescents d’une douzaine d’années. Il y a trois semaines, la fouille d’un des charniers a même mis au jour le squelette d’un enfant de 3 à 4 ans, « le premier découvert » selon Élodie Cabot, anthropologue à l'Inrap. Après son nettoyage sur place, le squelette sera conduit, comme les autres, pour être étudié à la base archéologique au Nord du Mans.
L’Inrap note par ailleurs que « la majorité des fosses a été condamnée par une épaisse couche de chaux vive. La disposition anarchique des corps (entremêlés et empilés les uns sur les autres) évoque un charnier creusé dans l'urgence, sans réel geste funéraire. »
De nombreux corps portent les stigmates osseux de combats violents à l'arme blanche : fractures, incisions nettes, mandibule tranchée, omoplate percée...
« Certaines blessures témoignent d'une grande violence et d'un acharnement manifeste », relevait il y a quelques heures Élodie Cabot dans Le Figaro.
Plusieurs personnes ont été exécutées par balles. Les impacts d'armes à feu sur l'os, certes minoritaires mais bien présents, sont confirmés par la découverte de balles et de clous révélateurs de tirs à mitraille.
« On ne peut s’empêcher de faire les liens avec les textes de l’époque », soulignait il y a quelques mois Alain Gérard, directeur du Centre Vendéen de Recherches Historiques.
Ainsi, le témoignage du révolutionnaire Benaben qui accompagne les premières colonnes : “Les soldats, écrit-il, s’étaient répandus dans les maisons et, en ayant retiré les femmes et filles des brigands qui n’avaient pas eu le temps d’en sortir et de prendre la fuite, ils les emmenaient dans les places ou dans les rues, où elles étaient entassées et égorgées sur le champ - à coups de fusil, à coups de baïonnette ou à coups de sabre. On les déshabillait ensuite toutes nues et on les étendait sur le dos dans une posture indécente : on appelait cela, mettre en « batterie ».”
Selon l’un des responsables de l’Inrap, ce sont plus de 200 corps qui pourraient se trouver rassemblés dans les charniers. Tous seront scrupuleusement analysés et étudiés dans les mois qui viennent, à l’issue de la période de fouilles prévue pour s’achever en septembre.
Thibaud
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