L'acteur Bruno Cremer est mort à l'âge de 80 ans des suites d'un cancer. Avec son physique massif, sa "gueule" de cinéma et son timbre de voix grave et suave, c'est un des derniers monstres sacrés du cinéma français qui vient de disparaître.
Né en octobre 1929 d'une mère belge et d'un père ayant prit la nationalité belge, la France ne l'ayant pas accepté comme soldat durant la Grande Guerre, il optera pour la nationalité française à l'âge de 18 ans. Admis au Conservatoire national supérieur d'Art dramatique, il fera partie de la promotion de 1952 où il se liera d'amitié avec d'autres futurs grands, Belmondo, Delon, Rochefort, Marielle. Il démarre au théâtre en 1953 puis au cinéma en 1957 dans "Quand la femme s'en mêle" de Yves Allègret, aux côtés notamment de Bernard blier et Alain Delon. Il obtiendra la reconnaissance professionnelle en 1964 avec "La 317e section" de l'écrivain et photographe Pierre Schendoerffer qui puisa alors largement dans ses souvenirs d'Indochine pour ce chef-d'oeuvre d'épopée guerrière. Aux côtés d'un autre jeune premier de l'époque, Jacques Perrin, Cremer crève l'écran dans le rôle de l'adjudant Willsdorf où il impose son charisme et son naturel. Il restera fidèle à Schoendoerffer en tournant également dans son film suivant "Objectif 500 millions", mais tournera également sous la direction de Constantin Costa-Gavras ("Un homme de trop", "Section spéciale") Yves Boisset ("L'attentat", "Cran d'arrêt"), René Clément ("Paris brûle-t-il?"), Bertrand Blier ("Si j'étais un espion"). Les années 1970 et 1980 le voient se spécialiser dans les rôles de méchants, truands, psychopates et autre homme de main dur à cuir, comme dans "L'alpagueur" de Philippe Labro où il affronte Jean-Paul Belmondo ou encore "le bon et les méchants" de Claude Lelouch où il s'oppose cette fois (sans avoir aucune scène commune avec lui) à Jacques Dutronc. Seule exception, le méconnu et sous-estimé "La légion saute sur Kolwezi" de Raoul Coutard, ancien assistant photo de Schoendoerffer, le monde du cinéma étant bien petit. Il sera encore dirigé par Yves Boisset dans "Espion, lèves-toi" et "Le prix du danger" et Jean-Claude Brisseau ("De bruit et de fureur", "Noce blanche" qui voit la chanteuse Vanessa Paradis faire ses premiers pas au cinéma). Les années 1990 le voient ralentir son rythme de carrière mais aussi interprèter à la télévision le rôle qui va le rendre immortel pour des millions de téléspectateurs, le commissaires Maigret, rôle tenu autrefois par Jean Gabin au cinéma. Il devra d'ailleurs être doublé pour le dernier épisode "Maigret et l'Etoile du Nord" en 2005 à cause de son cancer de la langue qui s'était déclaré. Ses derniers films au cinéma seront "Sous le sable" de François Ozon, "Mon père, il m'a sauvé la vie" de Jose Giovanni et "Là-haut, un roi au-dessus des nuages" de Pierre Schoendoerffer, celui-là même qui avait lancé sa carrière quarante ans auparavant. Une belle manière de boucler la boucle.
Père de trois enfants, Bruno Cremer vivait depuis 1984 avec sa seconde femme et était très discret. Mes hommages adjudant Willsdorf!
Raspail
RIP.
Rédigé par : CH | 14 août 2010 à 00h23