explique L'Express :
Dans un pays ou 9 personnes sur 10 se déclarent croyantes, capter le vote chrétien, notamment les voix recueillies au premier tour par l'écologiste Marina Silva, de confession évangéliste, s'avère déterminant pour le second tour de l'élection présidentielle.
Dilma Rousseff a sans doute pâti, lors du premier scrutin de positions plutôt libérales, qui ont détourné les croyants fervents de sa candidature. Alors qu'en début de candidature elle déclarait ne pas savoir vraiment si elle croyait en Dieu ou non, elle s'est rattrapée par la suite en rappelant sa scolarité dans un collège de religieuses et en rappelant ses origines juives rapporte le site ABC.
L'importance de la question de l'avortement dans le vote des Brésiliens semble en effet avoir pris la candidate de court. Dans de nombreuses églises ou temples évangélistes, prêtres et pasteurs ont appelé dans leurs prêches à voter contre Dilma Rousseff en raison de la position pro-avortement du Parti des Travailleurs, tandis qu'une campagne sur Internet martelait le même message. Selon le journal brésilien Folha, le PT envisagerait maintenant de retirer la légalisation de l'avortement de son programme de gouvernement. Interrogé le 5 octobre, le comité de campagne de Dilma Rousseff s'est limité à dire qu'il "n'y avait aucun changement dans le programme". "Cela été une campagne perverse. On a lancé des contre-vérités sur ce que je pense, sur ce que je dis (...), on a été naïfs et on s'en est aperçu trop tard", a déploré Dilma Rousseff.
Ce n'est qu'à la veille de l'élection que la candidate a contre-attaqué: elle s'est présentée publiquement aux côtés de leaders religieux de plusieurs confessions. "Je suis personnellement contre l'avortement", a-t-elle expliqué. Et elle a ajouté néanmoins qu'il s'agissait d'une "question de santé publique" pour éviter la mort de milliers de femmes tous les ans dans des avortements clandestins.
L'habituelle instrumentalisation de la mortalité maternelle par les lobbies pro-avortement... Le Chili a pourtant montré qu'on pouvait lutter contre avec succès sans légaliser l'avortement. Que Dilma Rousseff soit personnellement contre l'avortement n'intéresse personne, qu'elle y soit publiquement opposée si !
Conscients du poids de ce vote, les finalistes Dilma Rousseff et José Serra comptent sur l'appui de l'écologiste et évangéliste Marina Silva, dans l'espoir de capter les millions de voix de ses électeurs. L'attention portée à cet électorat met en relief l'essor des évangélistes au Brésil ils seraient aujourd'hui près de 30 millions selon Veja, contre 10 millions il y a vingt ans. Le mouvement religieux, apparu tout d'abord dans les milieux populaires, s'étend désormais dans les classes moyennes et aisées selon le Wall Street Journal.
Pour l'heure, un rapprochement n'est pas encore d'actualité. Marina Silva, ex-ministre de l'Environnement de Lula, a déclaré avoir été appelée par les deux candidats. Mais elle a refusé de dire si elle resterait neutre ou se rangerait derrière l'un deux. "C'est le Parti Vert qui tranchera d'ici à 15 jours", a-t-elle déclaré.
Thibaud
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