Comme quelque huit millions de coreligionnaires, les coptes de Nag
Hammadi, une ville moyenne de Haute-Égypte, célébraient Noël mercredi 6
janvier au soir. Mais à l’issue de la cérémonie religieuse, une voiture
s’est arrêtée devant l’église Mar Girgis, la plus importante de la
ville, et des hommes ont tiré sur la foule qui en sortait. Sept
personnes ont été tuées, six coptes et un policier, et dix ont été
blessées, dont deux musulmans.
« Nous avons terminé la messe à 23 h, et je me suis dirigé vers
l’évêché. J’ai alors vu un homme à bord d’une voiture en train de tirer
à l’arme automatique contre tous les coptes qui passaient », témoigne
Mgr Kirolos, l’évêque de Nag Hammadi, ville qui compte 70% de coptes.
(...) L’événement, révélateur des tensions grandissantes entre Égyptiens
coptes et musulmans depuis quelques années, risque en tous les cas
d’envenimer un peu plus les relations entre les deux communautés. Hier
matin, quelque 2000 coptes ont manifesté à Nag Hammadi, aux cris de «
Non à l’oppression » et « Ô Croix, nous te défendrons par notre âme et
notre sang ».
Des heurts ont eu lieu avec les forces de l’ordre dépêchées en
renfort. La situation s’est calmée en fin de matinée, avant les
funérailles qui ont débuté dans l’après-midi en présence d’une foule de
quelque 5 000 personnes.
(...) Gamal Eid, directeur du Réseau arabe pour l’information sur les droits
de l’homme, [s’est] rendu à deux reprises dans la région suite à des
affrontements entre les deux communautés (...) « Le gouvernement égyptien minimise les affrontements en disant qu’il ne
s’agit pas d’un conflit religieux. Mais en réalité il y a un vrai
problème concernant les relations entre musulmans et chrétiens
aujourd’hui en Égypte », estime-t-il.
Pour preuve, la construction d’une nouvelle église se passe
rarement sans heurts dans le sud de l’Égypte. « Tant que le
gouvernement se borne à apporter une réponse sécuritaire, ces violences
ne s’arrêteront pas, continue Gamal Eid. Nous avons besoin d’un débat
public sur la notion de citoyenneté et la question religieuse en
Égypte. »
Ainsi, s’attaquer aux chrétiens, assimilés à l’Occident, serait
pour certains l’occasion de manifester l’opposition de l’islam
fondamentaliste au gouvernement du Caire : la dureté dont vient de
faire preuve le Caire face aux Palestiniens de Gaza pourrait ne pas
être sans rapport avec ces assassinats.
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