L'initiative contre les futurs minarets lancée par l'UDC (Union Démocratique du Centre) - notamment l'UDC Valais Romand présidée par Oskar Freysinger et l'UDF (Union Démocratique Fédérale, droite chrétienne) serait acceptée par 58%
des voix selon la Télévision Suisse Romande (TSR). La majorité des cantons
est d'ores et déjà assurée.
Avec un taux d'approbation dépassant les 70%, Appenzell
Rhodes-intérieures (71,5%) se pose en champions du "oui" à l'initiative
contre les minarets, suivi par Glaris (68,8%) et St-Gall (65,9%). Le
Jura et Fribourg figurent aussi dans le camp des anti-minarets, bien
qu'avec des scores plus modestes (51,2% et 55,9%).
Genève a dit "non", à 59,7%. Il s'agit du seul endroit en Suisse
romande comptant un minaret. Bâle-Ville a refusé l'initiative à 51,6%.
TSR parle d'une "grosse surprise". "Etonnée", Ada Marra, conseillère nationale PS "[pensait] que ça allait être beaucoup plus serré que ça et dans le bon sens".
Un sondage de l'institut gfs.berne publié le 18 novembre
prédisait le rejet de l'initiative par 53% des voix. Par rapport au
précédent sondage, réalisé à la mi-octobre, le «oui» gagnait cependant
du terrain, passant de 34% à 37%.
Désaveu. Selon Le Figaro, ce résultat est un désaveu pour le reste de la classe politique suisse,
qui s'était unie contre le projet. Le Conseil fédéral [le gouvernement
suisse, ndlr] et l'Assemblée fédérale avaient mis en garde contre les
conséquences négatives du texte sur la paix religieuse et sur les
relations extérieures de la Suisse. Fait inhabituel, le gouvernement
avait, pour manifester son opposition, pris position le jour-même du
dépôt du texte, qui avait recueilli 113 000 signatures.
Oskar Freysinger, Président de l'UDC Valais, "ne [s'attendait] vraiment pas à ça". Il s'est déclaré "stupéfait", "abasourdi" par sa victoire, dénonçant la collusion de "tout l'establishment" et de "tous les médias" ainsi la "censure" de ses affiches de campagne. Aux musulmans, il a rappelé que "ça ne changera rien sur leur droit à pratiquer leur religion, à prier, à se réunir (...)".
En 2009, on estime à 400 000 le nombre de musulmans vivant en Suisse, contre 311 000 en 2000. En 30 ans, ils sont passés de 0,26% à 4,26% de la population. Jusqu'ici, quatre mosquées disposaient d'un
minaret : à Genève, Zurich, Winterthour (canton de Zurich) et Wangen bei
Olten (canton de Soleure).
Et en France ? Vendredi, le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, promettait un minaret à la communauté musulmane de la ville...
Et la liberté religieuse ? Daniel Zingg, candidat UDF au Conseil national écrit :
C'est une erreur de croire que le minaret
est simplement le symbole d'un lieu de prière musulman. Affirmer que le
minaret fait partie d'une mosquée comme le clocher d'une église, c'est
faire preuve d'une totale ignorance en la matière.
Le minaret n'a aucun rapport avec l'exercice de la
religion musulmane. Cet édifice est en réalité un symbole de pouvoir et
de conquête. (...)
Un symbole de pouvoir
Selon la
tradition musulmane, Mahomet aurait même dit qu'il n'était pas bon de
lancer l'appel à la prière depuis un endroit surélevé.
Aucun document de l'islam, ni le coran ni les
écritures saintes, ne demande un minaret. L'affirmation selon laquelle
le minaret fait partie de la mosquée comme le clocher de l'église n'est
donc qu'un prétexte stratégique.
Les minarets ont été construits au fil des
conquêtes musulmanes, d'abord comme tours d'observation militaires,
ensuite comme tours de prière. Le minaret ne symbolise nullement la
liberté religieuse, mais confirme au contraire l'imposition d'un islam
politique. Avec la progression de l'islam en Europe, les appels en
faveur de minarets se sont multipliés. (...)
Du minaret au muezzin
Le
minaret construit, l'inévitable étape suivante est l'installation d'un
muezzin, donc d'un appel à la prière répété cinq fois par jour via des
haut-parleurs. L'organisation islamique allemande Milli Görüs, la plus
importante chez notre voisin du nord avec 87 000 membres et 323
mosquées, est sûre de son affaire et affirme sans ambages que «l'appel du muezzin renforcé par des haut-parleurs ne peut être
restreint».
En fait, le muezzin ne lance pas seulement un appel
à la prière, mais aussi une profession de foi en déclarant «Allah est
le plus grand - je témoigne qu'il n'y a pas d'autre Dieu à part Allah
et que Mahomet est son prophète». Imaginons un seul instant que dans un
pays musulman il serait lancé du haut de la tour d'une église - à
condition qu'une telle construction soit autorisée - par des
haut-parleurs «Il n'existe qu'un Dieu, le Dieu de la bible. Je témoigne
que Jésus Christ est le fils de Dieu et que personne ne peut accéder à
Dieu sauf par lui». Rappelons une fois de plus cette évidence: ce que
les musulmans réclament en Europe est tout simplement impensable dans
les pays musulmans ou serait même puni de mort.
L'islamisation est un défi
L'islamisation
de l'Europe et de sa société est un défi lancé à nous tous. Ce
phénomène nous contraint à réfléchir à nos racines culturelles et
religieuses occidentales. Quelles valeurs chrétiennes devons-nous
défendre? Nous devons nous poser ouvertement la question suivante:
l'islam n'exploite-t-il pas notre détachement des valeurs chrétiennes
et bibliques, ne profite-t-il pas de ce vide religieux et de cette
société sans Dieu pour s'imposer? Les églises vides ne sont-elles pas
l'illustration d'une société qui s'éloigne de Dieu?
Il n'est pas prouvé que la majorité des musulmans
vivant en Suisse tiennent effectivement à construire des minarets.
Selon des estimations prudentes, mais non confirmées, environ 70% des
musulmans établis en Suisse sont sécularisés, donc ne suivent pas
strictement les préceptes de leur religion. Il serait difficile de
faire un sondage représentatif sur cette question, car les musulmans
doivent craindre des représailles dans leurs propres rangs s'ils osent
prendre des distances par rapport aux tendances islamistes.
Il faut également se demander si ces projets de
construire des minarets ne reposent pas sur une stratégie soigneusement
réfléchie.
L'initiative populaire «contre la construction de minarets» permet d'atteindre deux objectifs.
D'abord, elle vise à déclencher une réflexion sur
nos valeurs fondamentales chrétiennes à partir desquelles se sont
développées au fil des ans des biens aussi précieux que la démocratie,
la liberté et la paix.
Ensuite, elle exige une prise de position face à
une idéologie qui, pour prendre le pouvoir, cherche précisément à miner
ces trois valeurs fondamentales de notre vie, à savoir la démocratie,
la liberté et la paix.
L'actuel Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le 6 décembre 1997, avait récité
en public des vers du poète nationaliste turc Ziya Gökalp. Cela donnait : « Nos
mosquées sont nos casernes, nos dômes nos casques,les minarets sont
nos baïonnettes et les croyants sont nos soldats ».
Suites. Les Verts vont étudier la possibilité de saisir
la Cour européenne des droits de l'Homme après l'acceptation de
l'initiative contre les minarets qu'ils jugent inconstitutionnelle. Ueli Leuenberger, leur président
national, déclare que « Les musulmans de Suisse n'ont
pas reçu une claque, mais un coup de poing en pleine figure ». C'est selon lui le
résultat d' « une propagande extrêmement bien faite, qui a joué sur les
préjugés ».
Thibaud
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