À l’indécence s’ajoute l’affranchissement des devoirs de sa charge : comment un ministre peut-il qualifier d’« obscène » la décision d’un tribunal des États-Unis condamnant un de ses citoyens d’un fait d’ailleurs avéré (viol par sodomie d’une adolescente de treize ans) ? Et comment un ministre peut-il dire, parce que ce citoyen américain est né en France, qu’il le défend parce que « c’est son métier de défendre les artistes » ? Si l’on veut bien sortir des considérations personnelles et se hisser au souci civique, on verra même assez vite qu’il n’est pas très bon que le peuple français, qui n’est que trop enclin à le croire, ait sous les yeux la preuve que le droit ne s’applique pas aux gradés de la nomenklatura médiatique…
(...) Que M. Mitterrand prise ou non les mineurs, il reste que la scène qu’il évoque, Bangkok, est une figure emblématique de ce monde : le tourisme sexuel montre combien l’univers mondialisé disqualifie la loi ; bien que, en matière de pédophilie, nos lois comportent une clause d’exterritorialité, mais il est rare qu’elle soit appliquée : trois condamnations depuis la loi de 1998 alors que, chaque année, selon l’UNICEF, trois millions d’enfants sont victimes « d’agissements sexuels dans un cadre commercial ». Après le moindre recoin de nos vies, après le dimanche, voici que même l’enfance est marchandise…
(...) le plus grave est que, justement, de [l']avenir, notre ministre semble se soucier comme d’une guigne : dans La Mauvaise Vie, après avoir écrit cette pauvre phrase : « l’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système (?), car je sais que l’on ne me refusera pas » ; il poursuit : « La morale occidentale, la moralité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats, et que le monde aille à sa perte, comme dit l’autre ». Extrapoler son propre abandon pour l’étendre à la civilisation tout entière et, pour finir, souhaiter le cataclysme universel, voilà bien un nihilisme exemplaire ; comment un tel homme peut-il être ministre – et comment M. Sarkozy qui a précisé avoir lu deux fois son ouvrage, peut-il l’avoir chargé en notre nom de « la culture » ?
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