Qu'appelle-t-on communautarisme ?
Ce mot ne sert guère que de repoussoir en France,alors que sur le continent nord-américain des penseurs dits « communautariens » comme Mac Intyre ou Charles Taylor apportent une contribution neuve et intéressante au débat politique*.Rappelons que l'on distingue classiquement la société, qui repose sur la loi et un fondement contractuel, et la communauté, qui repose sur la coutume et un fondement « sacré » ou, au moins, antérieur aux volontés particulières. Ainsi l'État a-t-il les caractères d'une société, la nation ceux d'une communauté.Les écoles indépendantes reposent sur l’idée qu'on ne peut éduquer que dans une communauté, c'est-à-dire dans la transmission cohérente de valeurs, dans une identité symbolique forte. On sait assez que des consignes contradictoires, que la mésentente des adultes, contribuent à la détresse des enfants.À l'idée de communauté, on oppose celle de république. « L'école républicaine » est censée être le creuset qui permet l'identité nationale.Or il faut remarquer qu'à ses grandes heures, que l'on ne cesse de rappeler avec nostalgie, l'école que l'on dit républicaine s'appuyait sur un sentiment national fort, autrement dit des valeurs cohérentes et des appartenances symboliques fortes. Péguy évoque en une page fameuse les «hussards noirs de la République »qu'étaient ses instituteurs. Or, précise-t-il,ces instituteurs qui bouffaient du curé lui donnaient pourtant l'impression de dire la même chose que les curés. Même si les discours différaient, une seule voix se faisait entendre dans une seule langue. Cette école était nationale, et même nationaliste, plus que républicaine.Qu'en est-il à présent ? L'école républicaine semble bien impuissante à être un creuset. Loin d'offrir une vision du monde cohérente, elle est le miroir des doutes et des désaccords.Comment éduquer dans un tel brouhaha ? Les communautés éducatives constituées par les écoles indépendantes feraient-elles alors de mauvais citoyens ?On peut au contraire penser que c'est à travers une communauté que se forge un sens du bien commun. N'est-ce pas déjà le cas dans les familles ? Il est vrai que certains régimes ont vu dans les familles des communautés dangereusement indépendantes qu'il fallait dissoudre pour une plus grande unité de l'État... Un enfant qui apprend au sein d'une communauté le sens du service, de la responsabilité et du partage, peut bien hausser ces dispositions vers la cité (cf. notre dossier sur la capitainerie en page 4). Ainsi la communauté est-elle le chemin de l'intégration, car fera-t-on une société avec des individus sans appartenances ?La famille et l'école ne peuvent remplir leur mission que si elles sont paisiblement des communautés.Cette mission est bien celle d'y apprendre la participation au bien commun. Au lieu de dénoncer les communautés et de les enfermer dans la désapprobation, un État avisé fait mieux en reconnaissant leurs services, ce qui, en retour, leur permet de ne pas se vivre comme fermées sur elles-mêmes. Car il est clair que les communautés éducatives ne doivent pas se penser comme un refuge identitaire. Elles ont pour mission de conduire les enfants hors de la communauté vers la société, ce qui permettra aussi à cette société de ne pas être une société anonyme.
Source : La Fondation pour l'école, via Veille-Education
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Didyme
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