L’offensive
médiatique contre l’Eglise a été massive la semaine passée. Les
sépulcres blanchis ont ,sur toutes les ondes, dans tous les journaux,
entonné le même couplet indigné, tirant prétexte des cas de pédophilie
touchant quelques prêtres en Allemagne pour porter leurs attaques sur le
célibat des prêtres, instruisant le procès de Benoît XVI, suggérant
qu’un front important parmi les théologiens serait contre le célibat des
prêtres. Il faut être totalement abruti par les médias pour croire une
seule seconde que le souci de protéger les enfants victimes de
pédophiles est au cœur de l’affaire. Évidemment, l’enjeu, le seul,
l’unique c’est de faire plier encore et encore l’Eglise catholique,
tenter de lui arracher une déclaration de repentance et ultimement lui
faire renoncer, à l’heure de la masturbation, de la capote, de la
bisexualité, de la jouissance obligatoire, à cette pratique totalement
ringarde consistant à exiger des prêtres qu’ils soient célibataires et
chastes.
Nos sociétés marchandes, dont la survie au début du XXe siècle a été
assurée par la mutation du capitalisme de production en capitalisme de
consommation ( consommation des biens d’équipements tout d’abord, puis, à
la faveur de mai 68, consommation du désir, de la jouissance) ne
peuvent fonctionner que par un abaissement continu de tous les interdits
moraux de manière à faire de chaque pulsion une source de rendement.
D’où la nécessité de la culture transgressive soixante-huitarde qui
permit de faire passer pour des conquêtes du progrès et de la liberté ce
qui constituait en fait le pré-requis culturel de la mise en place du
turbo capitalisme et de l’économie du désir. Il faut être totalement
coupé du réel comme seuls savent l’être les grandes figures morales de
la bien-pensance pour croire que l’étendard de la liberté individuelle
(la reconnaissance de l'égalité des droits de chacun quelque soit son
mode de vie) ne soit pas autre chose que le cache sexe du turbo
capitalisme financier, qui est le nerf du processus de déréalisation en
cours, de la virtualisation de tous les rapports humains.(*)
Au nombre des piliers de la bien-pensance, nous avons naturellement tous
les médias dominants, dont certainement aucun de ses prestigieux
membres n’a jamais entendu parler d’Edward Bernays ( mais que Goebbels
lui lisait assidument) qui a forgé les instruments indispensables de
l’économie du désir. Neveu de Freud, il organisa la première opération
publicitaire transgressive de choc. Le 31 maris 1929 il envoya une
escouade de jeunes filles affriolantes défilée sur la 5e avenue,
prévenant la presse qu’elles allaient allumer des « torches of freedom
». Une fois les journalistes ayant répondu massivement à l'appel, les
jolies jeunes filles allumèrent leurs flambeaux de la liberté : leur
cigarette. Dany Robert Dufour, dans « la cité perverse » explique « Tout
l’esprit du nouveau capitalisme de la consommation est lisible dans cet
acte inaugural de Bernays. On voit qu’il commence par une offre de
libération faite au consommateur, présent comme répondant à une demande,
éventuellement inconsciente. Mais, comme l’industriel qui propose son
objet n’agit pas par philantropie, mais par intérêt, l’offre qu’il fait
n’est vraiment intéressante pour lui que si elle est susceptible de
mettre en branle une véritable dépendance. Pas étonnant, donc, que tout
ait commencé par la cigarette, produit addictif par excellence. »(**)
Dans un contexte pareil, où le turbo capitalisme et les bien-pensants
sont historiquement et philosophiquement organiquement liés, marchant
main dans la main, le maintien des traditions catholiques est un verrou à
faire sauter de toute urgence. Pour les intellos-bobos cela constituera
une victoire de plus contre la bête immonde(***), congénitalement
oppressive, et pour leurs macros ( ceux pour qui ils tapinent en somme,
puisque ce qui leur sert de prêt-à penser n’a d’autre utilité que de
servir de rabattage pour ceux qui assument ne penser qu’au pognon), un
marché du désir en expansion, sévissant jusque dans les sacristies, un
repère de continence et de maîtrise de plus démantelé, pour le plus
grand profit de l’industrie du sexe( et de toute l'économie du désir),
qui pourra fourrer son doigt dans la culotte de clients toujours plus
jeunes.
N'en déplaisent à tous les catholiques partisans de l’ouverture au
monde, qui rêvent d’une Eglise progressiste etc, toutes ces manœuvres
médiatiques relèvent de la logique de la cité terrestre. Combattre le
célibat des prêtres c’est tout simplement s’aligner sur la logique de
l’économie du désir dont l'aboutissement est le règne de la pédophilie
généralisée.
(*) sauf pour ceux qu’il prend par derrière très profond ( comme les
Grecs actuellement, d’où l’expression bien connue, "va te faire voir
chez les Grecs").
(**)préalablement Bernays avait consulté à Abraham Arden Brill,
fondateur de la New York Psychoanalytic Society, qui lui avait expliqué
que la cigarette étant un symbole phallique représentant le pouvoir
sexuel masculin il fallait lier la cigarette à une forme de contestation
de ce pouvoir, de sorte que les femmes en possession de leur "propre
pénis" fumeraient.
(***) « Le libéralisme est, fondamentalement, une pensée double:
apologie de l'économie de marché, d'un côté, de l'Etat de droit et de la
"libération des mœurs" de l'autre. Mais, depuis George Orwell, la
double pressée désigne aussi ce mode de fonctionnement psychologique
singulier, fondé sur le mensonge à soi-même, qui permet à l'intellectuel
totalitaire de soutenir simultanément deux thèses incompatibles. Un tel
concept s'applique à merveille au régime mental de la nouvelle
intelligentsia de gauche. Son ralliement au libéralisme politique et
culturel la soumet, en effet, à un double bina affolant. Pour sauver
l'illusion d'une fidélité aux luttes de l'ancienne gauche, elle doit
forger un mythe délirant: l'idéologie naturelle de la société du
spectacle serait le "néoconservatisme", soit un mélange d'austérité
religieuse, de contrôle éducatif impitoyable, et de renforcement
incessant des institutions patriarcales, racistes et militaires. Ce
n'est qu'à cette condition que la nouvelle gauche peut continuer à vivre
son appel à transgresser toutes les frontières morales et culturelles
comme un combat "anticapitaliste". La double pensée offre la clé de
cette étrange contradiction. Et donc aussi celle de la bonne conscience
inoxydable de l'intellectuel de gauche moderne. »(Jean Claude Michéa, la
double pensée)
Julien
Gunzinger (publié en commentaire de l'article "L'Eglise se défend")
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