Le cinéaste Claude Chabrol vient de mourir à l'âge de 80 ans. Il reste avant tout célèbre pour ses drames pyschologiques mettant en scène la bourgeoisie de province ainsi que pour avoir incarné, aux côtés de Truffaut et Godard, la Nouvelle Vague des années 1960.
Né en juin 1930, après avoir entamé des études de pharmacie, il s'oriente vers la critique cinématographique. C'est ainsi que, durant les années 1950, il contribue à la rédaction des Cahiers du Cinéma aux côtés de François Truffaut et Jacques Rivette. En 1957, il publie avec Eric Rohmer un livre sur Alfred Hitchcock. Grâce à un héritage, il parvient à lancer sa propre maison de production. C'est en 1959 qu'il réalise son premier film Le beau Serge avec le jeune premier de l'époque Jean-Claude Brialy, film qui reçoit le prix Jean Vigo. Son second film Les cousins sera lui aussi récompensé. Durant la décennie 1960, il réalise surtout Landru avec charles Denner, inaugurant ainsi sa galerie de monstres humains. Mais cette période est surtout marquée par des films populaires volontiers commerciaux, notamment la série d'action et d'aventure Le Tigre avec Roger Hanin. C'est en 1968 qu'il s'oriente plus nettement vers le cinéma d'auteur avec La femme infidèle mettant en scène Michel Bouquet et Stéphane Audran. Cette dernière est devenu sa femme quelques années plus tôt et tournera plusieurs films avec lui dont La rupture et Juste avant la nuit. Il fera aussi souvent tourner l'acteur Jean Yanne, alors spécialiste des rôles de salaud, notamment dans Le boucher et Que la bête meure. Il révèlera également Isabelle Huppert dans Violette Nozière adaptation d'un fait divers célèbre de l'entre-deux-guerre et la fera encore jouer dans Une affaire de femme et Madame Bovary Adaptation du roman éponyme de Gustave Flaubert. Ses films se caractérisent alors par une noirceur confinant souvent au cynisme et une peinture de moeurs sans concession de la bourgeoisie provincilae. Ses films s'avèrent souvent percutants mais aussi immoraux et parfois racoleurs. Toutefois, il tournera aussi des films plus lègers, d'authentiques polars comme Inspecteur Lavardin et Poulet au vinaigre mettant en vedette l'acteur Jean Poiret, qui furent également d'authentiques réussites. Signalons également pour cette période le très saisissant Les fantômes du chapelier avec Michel Serrault et Charles Aznavour. Les années 1990 et 2000 seront beaucoup plus quelconques, ne faisant que ressacer les vieilles recettes utilisées vingt ans plus tôt, sans innovation et de manière très convenue: Rien ne va plus, Au coeur du mensonge, Merci pour le chocolat, Au coeur du mensonge. Signalons toutefois L'ivresse du pouvoir largement inspiré de l'affaire Elf et qui lui fait retrouver Isabelle Huppert et Bellamy où il a l'occasion de faire jouer pour la première fois Gérard Depardieu, dernier monstre sacré de cette époque. En 2005, il fut récompensé pour l'ensemble de sa carrière par le prix René Clair de l'Académie française.
Converti au cours de sa jeunesse au marxisme sociétal, souvent engagé du côté de la gauche et ayant oublié le catholicisme de son enfance, Claude Chabrol a souvent eut des positions publiques contestables. Cependant, et malgré une fin de carrière décevante, sa filmographie demeure l'une des plus prestigieuses du cinéma français.
Raspail
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