Le député-maire de Cholet nous écrit :
J'ai lu avec attention les réactions à mon interview, en particulier sur deux sujets : l'IVG et le PACS. J'avoue que cette lecture m'a sidéré. J'ai toujours été attaché au I de CNI, c'est à dire à l'indépendance et toujours été allergique à des I comme intolérance et intégrisme.
Cela me choque d'autant plus quand de tels commentaires viennent de catholiques, moi qui depuis très longtemps entretient un dialogue permanent et tellement enrichissant avec des représentants de l'Eglise sur tous les sujets de société.
Concernant l'interruption volontaire de grossesse, je rappelle la situation antérieure à la loi l'autorisant. Des femmes fortunées pouvaient se rendre dans des pays acceptant cette pratique. D'autres devaient avoir recours à des expédients sordides qui mettaient leur vie en danger. La loi a permis une intervention médicale qui peut blesser l'âme mais préserve le corps. Et j'assume mon adhésion à cette loi. Elle n'exclut pas l'information, le soutien, l'encouragement aux méthodes contraceptives. Si j'avais été législateur à l'époque de la loi Veil, j'aurais voté ce texte pour laisser le libre choix avec la garantie d'une protection médicale. D'ailleurs, j'indique qu'à aucun moment le programme du CNI ne propose de revenir sur la loi IVG. Chaque femme confrontée à une telle interrogation ne peut répondre qu'avec sa conscience. Je suis homme et donc jamais je ne serai confronté dans ma chair à cette éventualité. C'est pourquoi, je ne jugerai pas.
(e-deo : il ne s'agit pas de juger les femmes qui avortent. Elles sont, avec leurs enfants, les premières victimes de l'absence de proposition de solutions alternatives par les pouvoirs publics. Nous constatons que suite au vote de la loi Veil, l'avortement a été banalisé. C'est factuel : depuis les années 70, la pratique de l'IVG a fortement augmenté (et la propagation des moyens de contraception n'a pas eu l'effet escompté. Au contraire, il semblerait que la mentalité contraceptive conduise tout droit à la mentalité abortive) comme l'affirme l'INED : http://www.cpdh.info/npds/sections.php?op=viewarticle&artid=110. Quand on sait qu'aujourd'hui 40% des Françaises ont avorté, avortent ou vont avorter, il est urgent d'agir. Nous comptons sur nos élus pour cela!)
Concernant le PACS, j'observe que c'est typiquement le débat qui suscite la caricature, ou plutôt les caricatures : celle du lobby homosexuel, absolument pas représentatif et qui joue la provocation jusqu'au-boutiste ; celle d'une minorité homophobe qui détourne le texte de sa réalité. Le PACS est un acte juridique que signent deux individus et qui leur apporte des droits mutuels et des droits vis-à-vis de la société. Les PACS entre deux personnes de même sexe sont extrêmement minoritaires. C'est vrai que le PACS pour les autres vient "concurrencer" le mariage. Mais en quoi cela concerne-t-il la religion ?
(e-deo : l'Etat doit encourager certains comportements constructifs, qui sont la norme, c'est à dire l'union d'un homme et d'une femme qui donnera naissance à des enfants. C'est pour cela qu'un célibataire paye plus d'impôts qu'un couple ayant des enfants. Le PaCS légitime et banalise l'homosexualité qui doit rester quelque chose de privé et qui n'a pas à être encouragé par les pouvoirs publics. Il est, comme le déclare Annick du Roscoät, "la première étape vers le "mariage" homo". La revendication du "mariage" homo n'est d'ailleurs arrivée qu'après le vote du PaCS...)
Ce n'est pas le mariage religieux qui est en cause. Ceux qui veulent se marier à l'église doivent de toute façon passer à la mairie. Ceux qui ne le souhaitent pas peuvent opter pour un mariage civil, un PACS ou rien. Le PACS n'a pas diminué le nombre des mariages. Les statistiques le montrent. Cela prouve qu'il est choisi par des personnes qui refusent le principe du mariage et n'avaient jusqu'à présent aucun lien juridique. Je fais une autre observation que vérifient aussi les chiffres : le nombre d'échange d'anneaux à l'issue du mariage civil augmente. C'est le constat que le mariage civil n'est plus presqu'automatiquement suivi d'un mariage religieux comme jadis. C'est bien la preuve que le PACS n'a pas influé sur ce mouvement. Personnellement, en tant que Maire, j'ai déjà indiqué que je suis prêt à accepter à la mairie pour une cérémonie privée un couple pacsé, y compris s'agissant de deux personnes de même sexe. J'ai aussi précisé que cela ne peut pas être un mariage et qu'il n'y aura pas le cérémonial de celui-ci. La loi ne le prévoit pas actuellement et je ne suis pas favorable à ce qu'elle évolue dans ce sens. Contrairement à ce qui a été affirmé, il n'est pas écrit dans le projet politique de notre mouvement qu'un maire CNI s'engage à refuser de recevoir des pacsés. Le mandat en tout état de cause ne peut être impératif. Quant à moi, je suis élu municipal sans étiquette et je rends compte à mes concitoyens.
Dans un autre domaine, j'ai systématiquement refusé le baptême républicain. Le baptême est un sacrement religieux. Au plan républicain, la naissance est enregistré à l'état civil. A 18 ans, le jeune acquiert la majorité avec notamment le droit de vote. Le souhait des parents de donner parrain et marraine à son enfant sans pour autant accepter le baptême religieux n'est pas une raison sérieuse pour inventer un acte que la loi ne prévoit aucunement.
Le projet du CNI prévoit en page 5 le "refus du mariage homosexuel et de l'homoparentalité". Je suis parfaitement en phase et je n'ai jamais dit autre chose. Le mariage est l'union d'un homme et d'une femme qui fondent une famille qui s'élargira éventuellement à des enfants. Ce ne peut être l'union de deux personnes du même sexe, pour lesquelles il me paraît logique de prévoir une formule juridique pouvant s'appliquer à eux. Je précise avoir dans ma sphère de relations des couples homosexuels dont l'entente et le bonheur qu'ils dégagent pourraient être un exemple pour beaucoup. On voudra bien m'excuser si je ne me sens pas le droit de juger les choix sexuels d'un individu, ce qui relève totalement à mon sens de la sphère privée.
J'ai exprimé également mon hostilité à l'adoption par des homosexuels, ce qui est un peu différent de la notion d'homoparentalité. Celle-ci peut intervenir en raison d'un parcours de vie qui a pu faire évoluer la sexualité d'une personne. Là encore, je ne jugerai pas. Et qui peut juger ? Accepter de juger est-il chrétien ?
(e-deo : un chrétien a le droit de juger un comportement, pas une personne. Le but de notre pèlerinage ici-bas étant le Salut de tous, si mon prochain à qui je veux du bien vole, mon devoir est de lui dire que ça n'est pas bien, ce qui ne signifie pas le juger.)
La société évolue. On peut être satisfait ou déçu. La loi doit aussi évoluer, dans le respect de nos valeurs, même si parfois, elle s'éloigne de celles que prônent la religion. L'essentiel est de percevoir la frontière qu'il ne faut pas franchir. La loi a institué le divorce, condamné par l'Eglise. Mais j'ai le droit de me dire choqué quand j'apprends des annulations de mariage par exemple pour Caroline de Monaco, il y a quelques années ou pour le Comte de Paris, il y a quelques mois. Le statut social et l'argent ouvrent des portes. Tolérons que la loi en ouvrent d'autres pour les anonymes.
Je déplore, comme beaucoup, que la religion catholique traverse une crise. Ce ne sont pas dans certaines lois sociétales qu'il faut en trouver les raisons. Ce n'est pas en changeant ces lois que l'on trouvera les solutions. J'ai mes convictions sur ce sujet. Mais il ne m'appartient pas en tant que politique de les exprimer publiquement.
Quant au vote catholique qui me serait refusé, je reste abasourdi d'une telle menace. Je rejette cette notion comme je me bats contre toute idée de vote musulman, comme je me bats contre les pseudo préceptes religieux, tel le voile intégral, qui bafouent nos valeurs nationales. Mais je me bats en revanche pour les piliers de notre société. C'est ainsi que je suis favorable au repos dominical, même si un regrettable incident m'a fait voter différemment, sachant que contrairement à la rumeur répandue par des gens mal-informés, une information précise a été diffusée sur la réalité de ma position.
On ne peut pas condamner une attitude d'une religion et accepter la même d'une autre religion, fut-ce la sienne.
(e-deo : L'islam ne connaît pas la laïcité qui est la distinction entre le temporel et le spirituel et qui a été inventée par Jésus. La séparation entre le temporel et le spirituel n'est rien d'autre que le laïcisme propre à la France depuis la Révolution française. Le respect de la vie, la défense de la famille, etc... ne sont pas des préceptes religieux mais des impératifs du droit naturel rappelés par l'Eglise.)
La laïcité est une double protection : celle de la liberté de religion ; celle de l'individu face aux excès d'une religion.
Et pour moi, s'il est un message essentiel de ma religion et c' est pourquoi je n'en changerai pas, c'est celui de tolérance et de respect de la différence de l'autre. A chaque fois que je dois décider en tant que législateur ou qu'élu local, c'est ce message qui m'inspire.
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