Têtu. Le président tchèque, Vaclav Klaus,
a refusé de
se prononcer samedi à Prague sur la date où il déciderait d'apposer ou
non sa signature au Traité de Lisbonne, après la victoire du "oui" au
référendum irlandais.
"Ce n'est pas à l'ordre du jour et ce n'est
pas non plus à mon ordre du jour de répondre à des questions de ce
genre", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse improvisé devant
le Château de Prague.
"Je ne peux rien signer avant la décision de la Cour constitutionnelle", a souligné M. Klaus.
La
Cour constitutionnelle tchèque a été saisie ces derniers jours par un
groupe de sénateurs libéraux qui entendent faire vérifier que le
traité, hérité du projet avorté en 2005 de Constitution européenne, est
conforme à la loi fondamentale du pays.
Le chef de l'Etat tchèque
s'exprimait en marge d'un rassemblement d'environ 300 opposants au
traité de Lisbonne, organisé devant la présidence tchèque.
"Etat
indépendant!", "Lisbon Treaty = sEUcide!" (EU pour European Union),
"Non au diktat de Bruxelles!", "Bruxelles est notre tombe!", pouvait-on
notamment lire sur des pancartes brandies par les participants de la
manifestation.
"Les Irlandais ont eu leur dernière chance de dire
quelque chose. Ils l'ont dit. Mais il est évident qu'ils l'ont dit pour
la dernière fois, car il n'y aura plus jamais un autre référendum en
Europe", a déclaré M. Klaus, dans une brève allocution devant les
manifestants.
Menaces. L'UE qui pourrait bien montrer son vrai et hideux visage dans les semaines à venir, si l'on en croit les paroles de Pierre Lellouche :
"Klaus ne pourra tenir très longtemps (...) La pression sur lui pour qu'il signe sera très forte (...) s'il
veut bloquer à lui tout seul le sort institutionnel de 500 millions
d'Européens, il y aura des choses désagréables pour la République
tchèque".
L'une des hypothèses avancées pour faire céder Klaus est de priver Prague de son commissaire
européen. L'ex-premier ministre Mirek Topolanek a agité l'hypothèse
cette semaine, à l'issue d'un rendez-vous avec José Manuel Barroso.
Cette punition nécessite l'unanimité des Vingt-Sept, Tchèques compris.
À défaut, le Parlement européen pourrait aussi refuser son feu vert au
candidat présenté par Prague...
Espoir. Vaclav Klaus qui aurait noué un "pacte
destructeur" (Le Figaro) avec le possible futur Premier ministre britannique. La trame est connue, confirmée par une lettre adressée à
Vaclav Klaus par David Cameron : le premier doit retenir sa signature
jusqu'en mai, voire juin, le temps que le second, parvenu au
10, Downing Street, lance le référendum promis pour casser la
ratification du traité par Londres (2008). «Si vous réussissez à tenir,
vous me retrouverez aussitôt à vos côtés», écrit le chef des tories, cité par le Daily Mail.
L'état
de l'opinion britannique laisse peu de doute sur l'issue d'une telle
consultation. Reste à confirmer qu'un premier ministre Cameron aurait
l'audace de dynamiter vingt ans d'ambitions européennes. Le scénario
est loin d'être farfelu. Il donne des sueurs froides à Bruxelles. «À
côté de Cameron, Maggie Thatcher était une aimable euro-fédéraliste»,
ironise un responsable français.
Thibaud
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