film de Quantin Tarantino, avec Brad Pitt, Christoph Waltz, Mélanie Laurent, Diane Kruger, Daniel Bruhl, Til Schweiger, Jacky Ido, Eli Roth, Mike Myers.
synopsis: Durant la seconde Guerre mondiale, le lieutenant Aldo Raine entraine un commando de soldats juifs américains qui doit être parachuté en France afin d'éliminer un maximum de soldats nazis. Ce petit groupe se fait bientôt connaitre du haut commandement allemand sous le nom redouté des bâtards. En juin 1944, le groupe a pour mission de faire sauter à l'explosif un cinéma, avec l'aide d'une vedette allemande agent double, où se réunira tout le gratin du IIIe Reich pour la projection d'un film de propagande. Parallèlement, Shoshana, une jeune femme juive qui a échappé au massacre de sa famille par des SS trois ans plus tôt et qui dirige le cinéma en question décide de l'incendier avec l'aide de son assistant. Mais c'est sans compter sur l'intervention de l'officier SS Hans Luda, perspicace et obstiné, qui doit assister à l'évènement. Tout ce beau monde va se télescoper à l'occasion de la projection.
commentaire: Habituellement, je ne chronique sur e-deo que des films m'ayant aprticulièrement plu ou ayant un rapport direct avec le site. Aucune des deux caractéristiques ne se retrouvent dans le dernier film de Tarantino, mais il m'a semblé intéressant d'en faire une analyse poussée étant donné le sujet.
Quentin Tarantino, réalisateur parmi les plus branchés, plébiscité par le public, acclamé par la critique (et aussi largement surestimé à mon humble avis) décide d'aborder un sujet historique, celui de la seconde Guerre mondiale, un cadre plutôt inattendu de la part du réalisateur de "Réservoir dogs", "Pulp fiction" et "Jackie Brown". Le fil est en fait un remake d'un film de guerre italien de 1978 réalisé par Enzo G Castellari (lequel fait d'ailleurs une courte apparition dans le film de Tarantino) et non des "douze salopards" de Robert Aldrich contrairement à ce que l'on pourrait croire. N'ayant pas vu l'original, je ne ferai aucune comparaison avec son remake qui doit, de toute façon, être très librement inspiré.
Le film de Tarantino reste très fidèle à l'ensemble de la filmographie du réalisateur : beaucoup de temps longs servis par d'interminables dialogues (Après le slasher verbeux "Boulevard de la mort", voici le film de guerre verbeux, QT fidèle à lui-même!), personnages bien barrés dont on arrive à penser qu'ils devrait tous se trouver dans un asile psychiatrique, scènes de violence déjantées et désordonnées agrémentées d'une épaisse couche de sadisme, humour bien lourd et une poignée de références au cinéma bis des années 1980. Ah et aussi un embryon de scénario dans lequel il ne se passe pas grand chose de neuf. L'affiche du film et la bande-annonce résumme très bien l'histoire: En gros, tous les protagonistes non nazis du film s'acharnent à démontrer que les nazis sont vraiment trrrès méchants et s'ingénient à les massacrer de toutes les façons immaginables: à la mitraillette, au revolver, au couteau, à l'explosif et même à la batte de base-ball! Bref, encore une ode délicate et hautement morale à la violence gratuite déchainée contre des cibles faciles histoire d'être bien dans l'air du temps. J'immagine assez bien, d'ici quelques années, une biographie élogieuse de Tarantino affirmant, entre autres, que ce grand artiste a réalisé un film courageux qui dénonça clairement le nazisme dés 2009! Signalons aussi que le film prend de sérieuses libertés avec l'histoire puisque nous y apprenons que Hitler ne s'est pas suicidé dans un obscur bunker berlinois le 30 avril 1945 mais fut tué à coup de mitraillettes en compagnie de Goebbels par un commando américain surarmé (et joué par Eli Roth, réalisateur du film d'horreur pas effrayant "Hostel et grand copain de Tarantino) dans un cinéma parisien en juin 1944. N'oublions pas enfin le portrait ultra caricatural et politiquement correct de la France de l'occupation (en gros, les seuls héros français sont un noir et une juive, Mélanie Laurent, on aperçoit rapidement un ou deux collabos bien franchouille, plus dans l'air du temps, à part Luc Besson, je ne vois pas!). Parmi les quelques points positifs (si, si, il y en a!), signalons l'excellence des acteurs. Tarantino étant bankable peut avoir n'importe quel casting et a bien réussi celui-ci, à l'exception notoire de Brad Pitt qui, pour jouer les durs, ne trouve rien de mieux que de froncer en permanence les sourcils et de prendre un air constipé, ce qui fait qu'il a l'air aussi crédible en militaire baroudeur que le serait Djamel Debbouzze en roi de France! Par opposition, Christoph Waltz, interprète de l'officier SS machiavélique Hans Luda, est on ne peut convaincant, parvenant même à rendre son personnage plus sympathique que les bâtards d'Aldo Raine malgré l'horreur de ses actes (le propre des bons acteurs, un peu comme Robert Knepper avec Théodore Bagwell dans "Prison break"). Signalons que l'acteur incarnant Hitler fait preuve d'un cabotinage que n'aurait pas renié Henri Tisot dans "Le fuhrer en folie" de Philippe Clair. La mise en scène est indéniablement efficace mais sans aucun génie, n'en déplaise à ses fans, Tarantino se contente de nous refaire les mêmes plans alambiqués qu'il fait pour chacun de ses films et qu'on a déjà vu ailleurs (son plan séquence fait beaucoup penser à ceux des films de Brian De Palma). Le rythme est plutôt bien dosé malgré les sempiternels verbillages qui parsèment le film. De toute façon, au vu de son succés au box-office et de la pub monstre qui lui a été faite, le film ne risque pas d'arrêter la carrière de son réalisateur ni de dégonfler la baudruche Tarantino (idem pour Luc Besson).
En clair, un divertissement branchouille techniquement bien foutu, mais aussi creux que conformiste et à la moralité plus que douteuse. Un cran au-dessus de "Boulevard de la mort" (pas difficile), mais pas le chef d'oeuvre annoncé, loin s'en faut. Si vous êtes fan de QT, vous pouvez allez le voir, mais si vous préfèrez un film réaliste et artistiquement supérieur sur l'occupation allemande de la France, je vous recommande plutôt "Lacombe Lucien" de Louis Malle et si vous désirez une version comique, "Papi fait de la résistance" de Jean-Marie Poiré.
Raspail
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