L'écrivain Paul-Marie Coûteaux
revient dans
La Nef de décembre (
sommaire) sur l'affaire Mitterrand :
À l’indécence s’ajoute l’affranchissement des devoirs de sa charge :
comment un ministre peut-il qualifier d’« obscène » la décision d’un
tribunal des États-Unis condamnant un de ses citoyens d’un fait
d’ailleurs avéré (viol par sodomie d’une adolescente de treize ans) ?
Et comment un ministre peut-il dire, parce que ce citoyen américain est
né en France, qu’il le défend parce que « c’est son métier de défendre
les artistes » ? Si l’on veut bien sortir des considérations
personnelles et se hisser au souci civique, on verra même assez vite
qu’il n’est pas très bon que le peuple français, qui n’est que trop
enclin à le croire, ait sous les yeux la preuve que le droit ne
s’applique pas aux gradés de la nomenklatura médiatique…
(...) Que M. Mitterrand prise ou non les mineurs, il reste que la scène qu’il
évoque, Bangkok, est une figure emblématique de ce monde : le tourisme
sexuel montre combien l’univers mondialisé disqualifie la loi ; bien
que, en matière de pédophilie, nos lois comportent une clause
d’exterritorialité, mais il est rare qu’elle soit appliquée : trois
condamnations depuis la loi de 1998 alors que, chaque année, selon
l’UNICEF, trois millions d’enfants sont victimes « d’agissements
sexuels dans un cadre commercial ». Après le moindre recoin de nos
vies, après le dimanche, voici que même l’enfance est marchandise…
(...) le plus grave est que, justement, de [l']avenir, notre ministre semble
se soucier comme d’une guigne : dans La Mauvaise Vie, après avoir écrit
cette pauvre phrase : « l’argent et le sexe, je suis au cœur de mon
système (?), car je sais que l’on ne me refusera pas » ; il poursuit :
« La morale occidentale, la moralité de toujours, la honte que je
traîne volent en éclats, et que le monde aille à sa perte, comme dit
l’autre ». Extrapoler son propre abandon pour l’étendre à la
civilisation tout entière et, pour finir, souhaiter le cataclysme
universel, voilà bien un nihilisme exemplaire ; comment un tel homme
peut-il être ministre – et comment M. Sarkozy qui a précisé avoir lu
deux fois son ouvrage, peut-il l’avoir chargé en notre nom de « la
culture » ?
Thibaud
Les commentaires récents