Via Les Valeurs Eternelles,
La France se meurt
Ci-gît, drapée du
linceul de l'oubli,
La France, mon pays, ma terre et ma patrie.
Las, seuls les pleurs dorés de ses derniers fidèles
Ont gravé son nom dans le marbre de sa stèle.
Il n'y eut personne
pour porter son cercueil,
Pas de feu pour guider l'absence de cortège,
Et nul n'a revêtu le silence du deuil ;
Pas d'enfants ; il n'y eut ni mendiant ni stratège.
Il n'y eut ni
discours, ni chants, ni funérailles,
On l'a abandonnée comme un bout de ferraille,
Comme l'épave d'un vaisseau au fond d'un port ;
On l'a abandonnée, et sans aucun remord.
Ô Français, fils
ingrats, hélas, qu'avez-vous fait ?
Votre mère se meurt et vous, vous l'achevez !
Mais voyez sur vos mains tout ce sang qui flamboie !
Ecoutez dans vos cœurs le sanglot de sa voix !
Enfin, n'est-il pour
el(le) nul espoir de secours ?
Ne quitterez-vous pas la haine pour l'amour,
Le fouet pour les rameaux, les coups pour les caresses ?
Et la France aujourd'hui ne vaut-el(le) plus de messe ?
Mais moi, triste
orphelin, je veux veiller ce mort,
Je veux pleurer, prier, je veux y croire encore,
Je veux que cette flamme jamais ne s'éteigne,
Je veux lui tendre de mes mains mon cœur qui saigne !
Je veux baiser son
front meurtri, pâle et glacé,
Une dernière fois, je veux voir son visage,
Je veux voir dans ses yeux le ciel, et les fermer,
Une dernière fois, je veux lui rendre hommage.
Mon Dieu,
laisseras-tu périr ta fille aînée ?
Cet indigne trépas, l'a-t-elle mérité ?
Sur quelle croix sanglante a-t-elle été clouée ?
Quel marteau a frappé le clou qui l'a percée ?
Si son cœur
ancestral de battre doit cesser,
Ô Seigneur, Tu le sais, Tes enfants pour pleurer
N'auront plus que les ruines de Tes cathédrales
Et perdront à jamais le Sang-Esprit du Graal ! ─
Cède-moi, ô ma
France, un pan de ton suaire !
Pour que s'y échouent, saouls, mes soupirs éphémères !
Et pour qu'enfin, martyr, sous la brume des cieux,
J'y meure en t'embrassant dans un ultime adieu…
Télémaque Chants de ruines
Les commentaires récents